Jeudi dernier 8 octobre, l’Assemblée nationale examinait un projet de loi sur l’avortement. Plusieurs mesures qui vont dans le bon sens ont été adoptées, mais du chemin reste à parcourir…
Allongement de deux semaines du délai pour pratiquer une IVG (interruption volontaire de grossesse), suppression de la clause de conscience spécifique à cet acte, possibilité pour les sages-femmes de pratiquer des IVG chirurgicales jusqu’à 10 semaines des grossesse, suppression du délai de 48 heures pour les femmes qui demandent un entretien psychosocial, obligation pour les Agences régionales de santé (ARS) de publier un répertoire des professionelEs de santé et des établissements qui pratiquent des IVG et enfin commande d’un rapport sur l’application de la législation relative au délit d’entrave à l’IVG : le vote favorable traversant la plupart des groupes parlementaires, une majorité a été obtenue sur ces mesures, bien que le gouvernement se soit exprimé contre le texte.
Le combat n’est pas fini
Malgré ces avancées, la France reste un pays relativement restrictif en termes de délais puisque les Pays-Bas ou la Grande-Bretagne l’autorisent jusqu’à 24 semaines. On estime que 5 000 femmes vont avorter à l’étranger chaque année, et encore faut-il en avoir les moyens. Par ailleurs, l’accès à l’IVG est restreint par les politiques d’austérité budgétaire dans la santé, qui ont notamment conduit à la fermeture de 130 centres IVG en 15 ans. Il y a, comme pour les maternités, une grande inégalité d’accès sur l’ensemble du territoire.
À cela s’ajoute la culpabilisation qui est toujours très présente. Alors que 35 % des femmes avortent au moins une fois dans leur vie, cet acte est présenté comme terrible et traumatisant alors que pour nombre d’entre elles, c’est une libération !
Malheureusement nous n’en avons pas fini avec les remises en question du droit à l’avortement. Samedi 10 octobre, « la Manif pour tous » appelait à la mobilisation en premier lieu contre la PMA mais leurs mots d’ordre s’attaquent aussi à l’IVG. Des contre-manifestations ont eu lieu à Toulouse, Nantes ou Grenoble. Partout la police a protégé les fachos, n’hésitant pas à gazer les manifestantEs pro-PMA et IVG.
Si nous obtenons ces derniers temps quelques avancées sur l’IVG ou la PMA grâce à nos mobilisations, le combat n’est pas fini pour les défendre et les améliorer. Nous voulons avoir le choix de la méthode d’avortement (médicamenteuse ou instrumentale), la réouverture des centres IVG, l’allongement des délais bien au-delà des 14 semaines, la simplification des démarches administratives liées à la filiation pour les lesbiennes ou les personnes trans dans le cadre d’une PMA, l’autorisation d’utiliser ses propres gamètes et, pour les enfants intersexes, le droit de choisir si, quand et comment leur corps sera modifié...
Nos luttes sont fières et déterminées, elles sont subversives et remettent en question l’ordre capitaliste et patriarcal. Les fachos, les cathos et les réacs n’ont qu’à bien se tenir