TotalEnergies fait de nouveau parler d’elle. En cause cette fois-ci, son investissement dans les forages gaziers le long de la côte d’Afrique du Sud. Un projet qui va accentuer le dérèglement climatique, mettre en danger une faune et une flore maritimes foisonnantes et menacer l’activité de pêche artisanale des habitantEs.
Les COP passent et n’empêchent nullement TotalEnergies de continuer son petit bonhomme de chemin de pillage et de pollution sur le continent. En parallèle de son projet de pipeline de 1 443 km, chauffé à 50 °C, traversant l’Ouganda et la Tanzanie, l’entreprise française s’attaque aux océans Indien et Atlantique sud.
Exploitation gazière et enfumage
Les études sismiques montrent que le pourtour côtier de l’Afrique du Sud est riche de près de neuf milliards de barils de pétrole et de gaz. Une véritable aubaine pour les entreprises pétrolières. Pour se justifier, TotalEnergies explique que le gaz est une énergie de transition bien moins polluante que le charbon ou le pétrole. Pourtant une association comme Les Amis de la Terre rappelle que « le gaz n’émet pas toujours moins de gaz à effet de serre que d’autres sources d’énergie fossiles ». Si l’objectif de limiter le réchauffement climatique était un tant soit peu sincère, les trois milliards de dollars que s’apprête à dépenser TotalEnergies pour l’exploitation du gaz seraient consacrés aux énergies renouvelables dans un pays à fort potentiel comme l’Afrique du Sud. Mais une compétition s’est engagée entre les majors pétrolières afin de s’emparer d’un maximum de blocs d’exploration.
Un nouvel eldorado
TotalEnergies a déposé une demande pour l’obtention d’exploitation des champs gaziers de Brulpadda et Luiperd, blocs 11/B et 12/B situés sur la côte sud-est du pays. Ces réserves sont estimées à plus d’un milliard de barils équivalents pétrole. Il s’agit d’un forage offshore particulièrement difficile à exploiter en raison de la profondeur estimée, entre 200 et 1 800 mètres, et des forts courants marins. Et TotalEnergies ne s’arrête pas là. Il y a quelques mois, elle a transmis une étude d’impact environnemental sur les blocs 5, 6 et 7, situés sur la même côte et dont les profondeurs sont encore plus importantes, entre 700 et 3 200 mètres.
Sur la côte ouest, elle a obtenu une autorisation environnementale pour des études sismiques sur le bloc1. D’autres entreprises dont certaines sont en lien avec TotalEnergies procèdent à des évaluations. C’est donc toute la face maritime de l’Afrique du Sud qui est potentiellement sujette à des forages pour l’extraction du gaz ou du pétrole.
Le profit avant la vie
Outre que ces projets vont aggraver fortement le réchauffement climatique, ils présentent des dangers écologiques et économiques. Les conditions particulièrement difficiles d’exploitation augmentent le risque de fuites, notamment du condensat de gaz (sorte de pétrole très léger) et rend problématique les réparations rapides. Les courants marins où se trouvent les blocs 11/B et 12/B créent une sorte de corridor où la vie sous-marine foisonne. Les forages, l’exploitation des plateformes, les allers-retours des bateaux emmenant ravitaillement et rotateurs vont perturber la faune aquatique, notamment les baleines à bosse, les dauphins, les tortues luth, et bien d’autres espèces. L’extraction des hydrocarbures est une menace pour la pêche artisanale — essentiellement des snoeks (une sorte de long maquereau). Nombre de petits pêcheurs risquent de voir leur activité disparaître.
La lutte contre l’installation de TotalEnergies sur les côtes sud-africaines commence à s’organiser, pêcheurs et militants écologiques ont initié un travail d’interpellation en France. Des députéEs de l’Assemblée nationale et du Parlement européen comme François Ruffin, Raphaël Glucksmann ou Karima Delli se sont positionnéEs contre ce projet, une pétition a été mise en ligne 1. Cette lutte s’oppose au pillage des ressources du continent et au dérèglement climatique provoqué par l’utilisation des hydrocarbures. Une illustration qu’internationalisme et écologie font bon ménage !