Est-ce le début de la fin de la chancelière Angela Merkel ? C’est en tout cas ce que prédisent bon nombre de commentateurs et commentatrices allemands. Suite à l’échec cuisant du parti de la chef de gouvernement, la CDU, aux élections régionales de Mecklembourg-Poméranie occidentale en ex-RDA 1, la question est posée. Au journal télévisé de la première chaîne publique de la télévision allemande ARD, un commentaire faisait même état d’une « fin de règne »...
Depuis la Chine où elle se trouvait pour assister au G20, la chef du gouvernement allemand, en place depuis 2005, a d’ailleurs confirmé cette impression généralisée en déclarant : « Les politiques ont besoin de regagner la confiance de la population, moi-même en premier lieu. » Déjà fin août, Merkel avait refusé de répondre à une question de journalistes visant à savoir si elle allait se représenter aux élections fédérales programmées en septembre 2017.
À l’heure où le thème central du débat politique allemand est devenu l’immigration et/ou la place de l’islam, la chancelière est critiquée de toutes parts pour « avoir laissé entrer » des centaines de milliers de réfugiéEs. C’était il y a tout juste un an, fin été 2015. La Grèce ne retenait plus les migrantEs arrivant sur les îles de la mer Égée, et un nombre important de réfugiéEs avait commencé à traverser les Balkans à pied avant d’échouer en Hongrie. Pour éviter les drames qui se profilaient à l’horizon, le gouvernement fédéral allemand avait donc décidé dans l’urgence de les accueillir. Un geste à l’époque plutôt salué par un patronat allemand qui avait fait ses calculs : au cours des prochaines années, 13 millions de salariéEs prendront leur retraite, mais seulement sept millions de jeunes arriveront sur le marché du travail, cela dans une société allemande qui fait très peu d’enfants.
Cette décision avait donc été dictée par des choix rationnels, mais elle est aujourd’hui dénoncée de presque toutes parts, le parti social-démocrate (SPD) doublant parfois la chancelière sur sa droite pour des bas calculs électoraux. Le grand gagnant du scrutin régional de dimanche est le parti d’extrême droite AfD. La polarisation actuelle prédit un proche avenir politique plutôt sombre.
Bertold du Ryon