Publié le Jeudi 19 septembre 2013 à 09h59.

Allemagne : avant les élections fédérales

Les élections auront lieu dans quelques jours et les campagnes électorales des partis établis, tels la CDU/CSU (chrétien-conservateur), le SPD (social-démocrate), les Verts et le FDP (libéral), reprennent en partie à leur façon des thèmes pris dans l’arsenal de Die Linke (La Gauche).
Constitué comme nouveau parti en 2007 par la fusion de la Linkspartei et du WASG (Alternative électorale pour la justice sociale), Die Linke était entré au Bundestag, le parlement fédéral, avec 11,9 % en l’an 2009. C’était un succès indéniable, la faiblesse traditionnelle de la Linkspartei/PDS dans les vieux Länder de l’ouest de l’Allemagne reculait. Avec ses revendications pour la justice sociale, pour un salaire minimum, Die Linke faisait cavalier seul en 2009.

Autour du salaire minimum
Aujourd’hui, le SPD et les Verts se font les champions du salaire minimum, bien qu’ils parlent seulement de 8,50 euros par heure. Il est vrai que cela serait un progrès réel pour un nombre important de salariéEs très mal payéEs. Il y des secteurs où l’on ne gagne que de 4 à 6 euros. Mais même la revendication de Die Linke, c’est-à-dire 10 euros horaire, est insuffisante pour protéger les salariéEs concernéEs.
CDU/CSU et FDP ne polémiquent pas ouvertement : ni contre la revendication du salaire minimum ni contre l’agitation pour l’amélioration des pensions et des minimas sociaux. Ils disent juste que ce n’est pas l’État qui devrait fixer un salaire minimum, qu’il faut continuer à régler cela au niveau des branches professionnelles, et qu’en dernier lieu — c’est le FDP qui le souligne — c’est l’affaire des « partenaires sociaux » (organisations patronales et syndicats).
Les syndicats du DGB, eux, font campagne pour un salaire minimum général de 8,50 euros, tout comme le SPD et les Verts. La politique néolibérale féroce du SPD et des Verts sous le chancelier Gerhard Schröder avait eu des conséquences très négatives sur les rapports entre la direction du SPD avec celle des syndicats du DGB. Et Die Linke avait pu renforcer sa présence au sein des syndicats. Nous ne sommes certes pas revenus à la situation d’avant Schröder, mais les appareils « sociaux-democrates » politiques et syndicaux ont recommencé à mieux s’entendre...

Vers un maintien de la « grande coalition » ?
Die Linke peut bien se vanter d’avoir influencé l’évolution des positions des autres partis, mais c’est au prix d’un affaiblissement électoral. Le parti était retombé à 6 % dans les sondages d’opinion au printemps 2012. Dans de récents sondages, il est remonté à 8-9 %, un institut lui accordant même 10 % la semaine dernière.
À la CDU/CSU, qui n’avait obtenu que 33,8 % en 2009, les instituts accordent actuellement entre 39 et 41 %. Ces sondages, ainsi que la popularité inébranlée de la chancelière Angela Merkel, montrent bien la force et l’impact d’une politique qui se veut l’avocate du bien-être du pays, cela au détriment des populations des pays économiquement beaucoup plus faibles au sein de l’Union européenne. Le facteur d’incertitude vient du FDP, qui avait obtenu 14,6 % en 2009 et qui tourne maintenant autour des 5 %, ce qui met en danger la continuité de la coalition conservatrice/libérale.
Le SPD, lui, se trouve à 25 % dans les sondages, et les Verts à 11 % (leur envolée après la catastrophe de Fukushima est bien du passé). Le candidat du SPD à la chancellerie, Peer Steinbrück, un type froidement technocrate, est peu crédible sur les thèmes sociaux, et de plus refuse la collaboration avec Die Linke pour remplacer le gouvernement conservateur libéral. Le résultat des prochaines élections pourrait encore aboutir à une « grande coalition » CDU/SPD.
Pour compléter ce tableau, signalons que la percée des Pirates semble terminée (ils piétinent à 3 % dans les sondages), tout comme l’AFD (Alternative pour l’Allemagne) qui veut la sortie de la zone Euro pour ne pas payer pour les plus pauvres...

De Cologne