La défaite de la droite aux élections régionales de Rhénanie du Nord/Westphalie ouvre des perspectives à la gauche du parti social-démocrate. Les deux partis de droite de la coalition dirigeante d’Allemagne, l’Union chrétienne démocrate (CDU) et les libéraux (FDP), ont perdu l’élection régionale de Rhénanie du Nord/Westphalie du 9 mai. La région est fortement touchée par la crise économique et le chômage atteint 20 % dans certaines parties de la Ruhr. Suite à cette défaite, la droite a perdu la majorité parlementaire à la chambre haute du Parlement représentant les régions, le Bundesrat, équivalent du Sénat français. Pour autant, cette défaite de la droite ne correspond pas forcément à un basculement massif vers la gauche. L’abstention de 66 % a encore progressé et le parti social-démocrate (SPD) a perdu 2,6 % des voix par rapport à 2005, son plus mauvais résultat depuis 1950. Une partie du résultat serait dû, selon les sondages, au ressentiment des électeurs envers le prix qu’ils auront à payer pour le « sauvetage » de la Grèce alors qu’ils subissent eux-mêmes la crise. Un tel ressentiment peut être exprimé aussi bien par une droite nationaliste anti-européenne que par des électeurs de gauche qui refusent de faire les frais de la crise capitaliste. On peut noter à l’appui d’une poussée à gauche que l’extrême droite fait un très faible score (1,4 %). Les Verts font 12 % et gagnent 5,9 % depuis 2005. Die Linke réalise 5,6 %, gagnant 2,5 %, et disposera maintenant de onze députés dans la chambre haute. Deux camarades de la fraction de gauche de Die Linke ont été élus en Rhénanie du Nord/Westphalie, Wolfgang Zimmermann et Michael Aggilidis. Dans la région, les négociations vont se faire dans le sens d’une coalition entre le CDU et le SPD ou dans le sens d’un regroupement SPD, Verts et Die Linke. Il y a une poussée populaire pour que cette dernière coalition se réalise malgré la résistance du SPD. Mais Die Linke en Rhénanie du Nord/Westphalie n’est pas Die Linke à Berlin ou à Brandenburg, elle se situe nettement plus à gauche et va très probablement résister à la tentation de coalition, tout en s’efforçant de faire payer au SPD et aux Verts l’échec des négociations. Die Linke propose un programme d’urgence régional. Wolfgang Zimmermann a déclaré : « Nous avons toujours dit que nous étions prêts à parler avec le SPD et les Verts, mais il s’agit du contenu, et nous voulons un véritable changement politiquement dans l’intérêt de la majorité de la population. » Les prochaines semaines vont donc être décisives. Un autre choix possible serait de constituer un gouvernement régional minoritaire du SPD et des Verts avec des « majorités alternantes » en fonction des sujets. Mais le SPD et les Verts auront du mal à accepter une telle proposition au nom de la sacro-sainte « stabilité ». Correspondant