Dimanche 27 octobre, une élection régionale se déroulait en Thuringe (ex-RDA), qui a été remportée par le parti de gauche Die Linke (31 %), qui augmente son score de 2,8 points par rapport à la précédente élection (2014). La coalition « rouge-rose-vert » qui dirigeait la Thuringe n’a toutefois plus la majorité nécessaire pour gouverner, en raison notamment de la chute du SPD (de 12,4 à 8,2 % des voix). Mais l’événement le plus marquant de cette élection est sans aucun doute la fulgurante ascension de l’AfD, parti d’extrême droite décomplexé, qui fait plus que doubler son score, passant de 10,6 à 23,4 % des voix. Soit près d’un quart des suffrages exprimés, ce qui confirme l’implantation et le développement rapide de l’extrême droite dans l’est de l’Allemagne. Le 1er septembre dernier, les élections régionales en Saxe et dans le Brandenbourg avaient en effet déjà révélé l’ampleur des dégâts, avec une AfD à 27,5 % (Saxe) et 22,4 % (Brandenbourg).
Des dynamiques qui ne manquent pas d’inquiéter dans un pays que d’aucuns ont longtemps présenté comme étant « vacciné » contre l’extrême droite en raison de l’expérience du nazisme, et qui ne semblent pas devoir s’interrompre. A fortiori lorsque l’on sait que le leader régional de l’AfD, Björn Höcke, est à la tête du courant le plus « radical » de l’organisation d’extrême droite… Citée par Mediapart, la présidente de la communauté juive de Munich, Charlotte Knobloch, affirme : « Beaucoup d’électeurs ont soutenu un parti qui prépare depuis des années le terrain à l’exclusion et la violence d’extrême droite », évoquant également la « minimisation de la période nazie, son nationalisme décomplexé », et l’incitation « à la haine des minorités ».
Une confirmation supplémentaire du fait que des vents très mauvais soufflent sur l’Europe…
J.S.