Publié le Mercredi 29 janvier 2014 à 19h28.

Disparus en mer Egée : tragédie et crime d'état !

Tout tend à le prouver : les 12 à 16 noyés et disparus du naufrage d'une petite embarcation près de l'île de Léros ont bien été victimes directes de la politique de racisme anti-immigrés du premier ministre grec Antonis Samaras. La tentative, non seulement d'étouffer ce crime mais aussi de le transformer en son contraire, doivent être dénoncées avec toute la force nécessaire !

Lundi 20 janvier au matin, 28 hommes, femmes et enfants, parmi lesquels 25 Afghans, ont été interceptés par la police maritime qui patrouille en mer Egée. Leur bateau a alors été tracté à grande vitesse pour être renvoyé en Turquie, ce qui a provoqué le naufrage de la barque. Selon les témoignages recueillis par un membre d'une commission de l'ONU et lors de la conférence de presse donnée samedi à Athènes, le comble de l'horreur, c'est que les militaires grecs ont empêché plusieurs naufragés de monter à bord de leur bateau. Un homme affirme avoir ainsi vu mourir sous ses yeux sa femme et ses enfants. 

Mise en scène douteuse

Après une mise en scène douteuse des autorités sur l'île grecque où les survivants ont été amenés, un interprète pakistanais leur faisant dire que les marins grecs les avaient sauvés (version répétée par le ministre de la marine), ils ont été conduits à Athènes, où, malgré les pressions (5 d'entre eux ont même été arrêtés alors que le gouvernement prétend leur donner assistance !), la mobilisation des associations permet de mettre à jour l'horreur de la tragédie. D'autres témoignages, notamment recueillis par Amnesty International qui met en cause la politique européenne, montrent la fréquence des opérations pour repousser violemment les immigrés qui tentent de passer en Grèce par mer ou par le fleuve Evros. Alors que le ministre de la Marine déclare être fier que la mer Egée ne soit pas couverte de cadavres, des associations comme Amnesty ont dénombré 149 noyés d'août 2012 à novembre 2013.

C'est bien sûr la démission de ce ministre qui est en jeu. Mais il serait incompréhensible que cette tragédie, qui a donné lieu pour le moment à un seul rassemblement samedi 25 janvier au centre d.Athènes, ne soit pas dénoncée par une protestation des antiracistes au niveau de toute l'Europe. D'ores et déjà, en dehors de la demande bien timide de Tsipras, dirigeant de Syriza, de revoir le traité de Dublin, il faut tout faire pour qu'une commission d'enquête européenne indépendante soit constituée, en même temps que se développe l'exigence internationaliste d'ouverture des frontières ! 

D'Athènes, A. Sartzekis