Un accident sur venu le 3 février révèle des problèmes de sécurité, d’environnement et de main-d’œuvre.
On l’a appelé la « bombe ferroviaire » : le 3 février, un train transportant du chlorure de polyvinyle a déraillé et libéré des gaz toxiques comme le chlorure d’hydrogène et le phosgène, menaçant la santé et la vie de l’équipage et de la population de la petite ville d’East Palestine, Ohio, où l’accident s’est produit. Le gouverneur républicain de l’Ohio, Mike DeWine, a déclaré quelques jours après l’accident : « Je ne vois aucun problème. » Mais les travailleurEs, les membres de la communauté et les écologistes en voient beaucoup.
Défaillance mécanique
Le train de 150 wagons de la Norfolk Southern Railroad, tiré par trois locomotives et dirigé par une équipe de trois salariés, un ingénieur, un chef de train et un chef de train stagiaire, a déraillé et les wagons se sont empilés, certains wagons-citernes se sont rompus et des produits chimiques se sont déversés dans les cours d’eau locaux qui se jettent finalement dans la rivière Ohio. Les produits chimiques se sont également infiltrés dans les puits privés de cette communauté rurale. Le gouvernement de l’Ohio a ordonné l’évacuation des résidentEs locaux et a demandé aux cheminotEs de procéder à une « combustion contrôlée » des produits chimiques afin d’éviter une explosion qui aurait envoyé des flammes et des nuages de gaz toxiques dans l’air.
Railroad Workers United, un regroupement de militantEs syndicaux du secteur ferroviaire, a déclaré que « la cause immédiate du naufrage semble avoir été une défaillance mécanique de style 19e siècle de l’essieu de l’un des wagons — un roulement surchauffé — qui a entraîné le déraillement, puis la mise en portefeuille des wagons qui ont culbuté. » Le Congrès étatsunien a bien adopté en 2014 la loi sur l’amélioration de la sécurité ferroviaire, qui exige des freins pneumatiques à commande électronique (ECP) pour les trains « à haut risque d’inflammabilité ». Mais les compagnies de chemins de fer ont fait pression sur le Congrès, fournissant six millions de dollars aux campagnes républicaines et trois millions aux campagnes démocrates, de sorte qu’en 2017, le Congrès a révisé et affaibli la loi précédente, permettant à l’ancien président Donald Trump de supprimer l’exigence de frein électronique.
L’extrême droite en embuscade
Le président Joe Biden n’a pas réussi à faire pression en faveur d’une nouvelle loi, si bien qu’il n’y avait pas de frein électronique dans le train de la Norfolk Southern. Joe Biden a également utilisé ses pouvoirs pour annuler une menace de grève des syndicats de cheminotEs sur diverses questions, dont la sécurité. Son secrétaire aux Transports, Pete Buttigieg, affirme qu’il ne peut rien faire en ce qui concerne les règles relatives aux freins des trains. Mais sa passivité est contestée par des experts et des éluEs de la gauche démocrate comme Rashida Tlaib et Ilhan Omar.
Norfolk Southern a donné un million de dollars aux habitantEs d’East Palestine, en espérant qu’ils se calmeront. L’EPA teste actuellement l’air, l’eau et le sol, mais de nombreux habitantEs de cette communauté rurale conservatrice ne font pas confiance au gouvernement.
L’extrême droite a tenté de tirer parti de la situation, affirmant que l’accident ferroviaire d’East Palestine a été négligé par les Démocrates parce qu’il s’agit d’une ville ouvrière blanche située à la frontière entre l’Ohio et la Pennsylvanie, une région pro-Trump. L’activiste conservateur Charlie Kirk tente d’enflammer les blancs en affirmant que tout cela fait partie de la « guerre contre les travailleurs blancs ». « Pourquoi vous soucieriez-vous des électeurs blancs de la classe ouvrière de l’est de l’Ohio ? »
Il y a 1 000 déraillements de trains chaque année et, chaque jour, 12 000 wagons transportent des matières dangereuses dans les villes américaines. Railway Workers United déclare : « Le naufrage du train 32N se préparait depuis des années. Reste à savoir quels autres naufrages de ce type nous attendent... Mais étant donné le modus operandi des chemins de fer, nous pouvons sans doute nous attendre à de futures catastrophes de cette nature. » Les syndicats, les écologistes et le public devront construire un mouvement uni pour modifier les lois sur la sécurité ferroviaire et réduire la production de plastique, pour faire pression sur les politiciens qui ne veulent pas prendre des mesures qui déplairaient aux grandes entreprises et offrir une alternative à la démagogie de l’extrême droite.