Les manifestations de la Journée de la Terre, le 22 avril, motivées en partie par le dernier avertissement du GIEC, ont rassemblé des milliers de personnes dans les rues de plusieurs villes des États-Unis.
Avec le slogan « Fight for our Future » (Combattre pour notre futur), les militantEs du climat ont manifesté dans des grandes villes comme Atlanta, en Géorgie, et dans des petites villes comme Appleton, dans le Wisconsin. Extinction Rebellion a organisé des manifestations à New York et dans d’autres villes pour protester contre l’incapacité des médias à couvrir de manière adéquate la crise du changement climatique. Des jeunes ont défilé à San Francisco et manifesté devant Biden à Seattle. Des climatologues ont manifesté à la Maison Blanche à Washington, D.C. De nombreux et nombreuses manifestantEs ont protesté contre le fait que le président Biden a récemment reculé par rapport à ses promesses environnementales sous prétexte de la guerre en Ukraine.
Législation écologique bloquée
Les gouvernements des États-Unis et de l’Union européenne ont imposé des sanctions à la Russie pour son invasion de l’Ukraine. Ces sanctions ont réduit les ventes de pétrole de la Russie, ce qui a entraîné une augmentation de son prix qui s’est répercuté sur celui de l’essence – qui dépasse maintenant 4,20 dollars le gallon (4,5 litres) – ce qui a rendu Biden et les Démocrates moins populaires au moment même où les candidats commencent à faire campagne pour les élections de mi-mandat en novembre. Biden a donc décidé de libérer du pétrole des réserves stratégiques, de reprendre la vente par le gouvernement de concessions pétrolières et gazières onshore et d’autoriser la vente d’essence mélangée à de l’éthanol, un carburant plus polluant. Toutes ces mesures vont à l’encontre de la promesse de Biden de réduire l’utilisation des carburants carbonés aux États-Unis.
Dans le même temps, le programme environnemental de Biden, dont le centre est une législation sur l’énergie verte dans le Build Back Better Act (loi pour reconstruire mieux), est bloqué au Sénat où Républicains et Démocrates disposent chacun de 50 voix. Joe Manchin, un sénateur démocrate de l’État producteur de charbon de Virginie-Occidentale, lui-même investisseur dans le secteur du charbon, a refusé de voter en faveur du projet de loi, ce qui a eu pour effet, pour l’instant, de le tuer dans l’œuf.
Tout cela a frustré les écologistes qui considèrent les Démocrates comme leur meilleure chance d’obtenir une législation environnementale progressiste. Incapable de faire passer son grand programme environnemental, Biden a signé un décret protégeant les forêts, dans le cadre d’une initiative internationale.
« Nous disons que la crise climatique n’est pas causée par tout le monde »
Les Socialistes démocratiques d’Amérique (DSA), qui présentent des candidats dans le cadre du Parti démocrate, ont fait de l’environnement un sujet important de leurs campagnes électorales locales. À New York, DSA fait campagne sur une plateforme appelant à la « puissance publique », c’est-à-dire à des centrales électriques appartenant à l’État. En effet, aux États-Unis, certaines centrales électriques appartiennent au gouvernement fédéral ou à celui d’un État, mais beaucoup sont privées et produisent pour le profit. Dans l’État de New York, Jay Wu, un organisateur du groupe de travail écosocialiste de DSA, explique que DSA a fait du service public de l’énergie un élément central de ses campagnes électorales actuelles.
« Lorsque nous avons fait du porte-à-porte, nous avons découvert que le souci du climat n’est pas seulement une question de libéraux, de blancs et de riches. C’est une énorme bombe d’anxiété dans la tête de tout le monde », dit Wu. « La façon dont les médias dominants parlent du climat donne aux gens un sentiment de désespoir. Nous disons que la crise climatique n’est pas causée par tout le monde. Elle est causée par des personnes très spécifiques qui possèdent des entreprises de combustibles fossiles qui polluent la planète, ainsi que par leurs lobbyistes et les politiciens qui leur permettent de le faire au lieu de nous en protéger. Quand vous en parlez de cette façon, c’est un combat. Et les gens veulent mener ce combat ».
Au niveau national, des groupes comme System Change not Climate Change (Changer le système pas le climat) soulèvent la question de la nationalisation de l’ensemble de l’industrie des combustibles fossiles.
Si les ÉtatsunienEs se sont davantage intéressés à l’environnement au cours des quarante dernières années, ils sont pour l’instant largement préoccupés par les questions économiques, non seulement par la hausse du prix de l’essence, mais aussi par la hausse des taux d’intérêt, du coût du logement (qu’il s’agisse d’hypothèques ou de loyers), de la nourriture et des vêtements. Historiquement, les électeurEs à mi-mandat ont tendance à blâmer le président en exercice et son parti pour leurs problèmes – les choses s’annoncent donc mal pour les Démocrates…
Traduction Henri Wilno