Fin janvier, le journaliste Thomas Iacobi, notamment co-auteur du documentaire Aube dorée, une affaire personnelle, a été agressé par des militants d’extrême droite alors qu’il couvrait une manifestation nationaliste à Athènes. Reconnu par des membres du mouvement Aube dorée présents dans la manifestation, il a été violemment tabassé par une dizaine d’agresseurs qui l’ont en outre filmé pour le dissuader de continuer, à l’avenir, à faire son travail. Son témoignage, rapporté par Politis le 14 février1, est explicite : « Quand ils me sont tombés dessus à dix contre un, ils m’ont encerclé et cogné tous en même temps. Ils voulaient prendre mon téléphone avec lequel je les avait filmés. Je le serrai contre moi. Plus je le serrai, plus ils cognaient mais il n’était pas question que mes contacts tombent dans les mains de ces ordures. Ils ont ouvert mon sac à dos et volé tout ce qu’il y avait dedans. J’ai appelé au secours, à l’aide, plusieurs fois, mais personne n’est venu. […] Pendant que les uns me frappaient et les autres me volaient, un autre, celui qui dirigeait l’attaque, m’a tiré la tête en me disant “regarde-moi maintenant, je te filme”. Pour me faire peur et qu’à l’avenir, je reste chez moi. Mais ils se trompent. Je continuerai à faire mon travail. » Sa collègue Angélique Kourounis, correspondante de Politis en Grèce, explique que cette agression sera certainement impunie : « Des enquêtes sont ouvertes mais jamais aucune de ce genre n’aboutit en Grèce. Après avoir déposé plainte, nous avons quelques doutes sur le suivi de l’affaire. Environ 200 photos ont été présentées à Thomas pour qu’il reconnaisse ses agresseurs : 60 % étaient manifestement des migrants, et le reste des activistes d’extrême gauche et de la mouvance anti-autoritaire. Pas une seule des manifestants d’Aube dorée, dont pourtant certains sont fichés depuis d’autres affaires d’agression et surtout dans le cadre du procès en cours contre cette formation nazie. » Voilà qui en dit malheureusement long…