Les électeurs irlandais ont comme prévu infligé une cuisante défaite aux partis qui, au gouvernement, ont imposé deux plans d’ajustement aux conséquences dramatiques pour la population. Avec un peu plus de 17 % des voix, Fianna Fail, parti de droite qui a exercé le pouvoir 20 ans sur les 23 dernières années, subit une défaite historique, et, secondairement, les Verts paient leur participation au gouvernement et sont balayés du champ politique.
Cela étant, Fine Gael, vainqueur des élections avec plus de 36 % des voix, en passe de constituer un gouvernement de coalition avec le parti travailliste irlandais, n’incarne en aucun cas une alternative.
La distinction entre Fianna Fail et Fine Gael remonte à la guerre civile qui a suivi l’indépendance, au début des années 1920, lorsque Fianna Fail incarnait les intérêts de la bourgeoisie nationaliste. Cette distinction n’est plus réellement fonctionnelle aujourd’hui. Ouvertement libéral, Fine Gael feint de croire possible une renégociation du plan d’austérité mais ne s’y oppose pas.
L’élection de cinq députés anticapitalistes, dans le cadre de la coalition United Left Alliance, constitue la bonne nouvelle du scrutin.
L’ensemble de ces éléments indique une situation sociale et politique bouleversée par la violence des effets de la récession et des politiques qui l’accentuent. Le choix assumé de faire payer la crise aux salariés a conduit à des baisses de salaires très importantes, à des coupes claires dans les services publics et les budgets de l’aide sociale, et à l’aggravation d’une fiscalité déjà très inégalitaire. Nous nous félicitons de la défaite de Fianna Fail. Reste à défaire le plan qu’il a négocié avec Bruxelles.