Depuis le résultat du référendum irlandais sur le traité de Lisbonne, la classe politique locale et européenne n’en finit pas de se congratuler : 67% de « oui » ! Avec un taux de participation de 59%, supérieur à celui de juin 2008, lorsque le « non » l’avait emporté ! Bientôt le « non » irlandais n’aura jamais existé ! Cet épisode est une nouvelle confirmation du caractère congénitalement antidémocratique de l’Union européenne.
Quand, par hasard, les peuples sont consultés, la seule réponse possible est « oui ». Quand, malgré tout, c’est « non » alors, les gouvernements piétinent la volonté populaire (comme ce fut le cas en France et aux Pays-Bas) ou font revoter (comme au Danemark puis en Irlande) jusqu’à obtenir un résultat conforme à leurs espérances.
Cette fois, les partisans du « oui » n’ont reculé devant aucun chantage. Les salariés ont été inondés de propagande expliquant que la préservation de leurs emplois dépendait de la victoire du « oui ». Les autorités universitaires ont agi de même, prétendant que les fonds alloués à la recherche étaient conditionnés au « oui ». Les fonds de l’Ibec – le Medef irlandais – ont grassement subventionné une myriade de groupes prétendant incarner la « société civile » et naturellement tous favorables au « oui ». Le PDG de Ryanair s’est offert des pages entières de publicité pour le « oui ». Les grands médias ont favorisé de manière éhontée les partisans du traité de Lisbonne, d’ailleurs soutenu par les deux grands partis de droite, par le Parti travailliste irlandais et la direction des syndicats.
Malgré ce rouleau compresseur, quelques bastions du « non » ont résisté, comme les quartiers les plus populaires et les plus pauvres de Limerick. La cote du Premier ministre est d’ailleurs dans le pays au plus bas.
Mais, globalement, la large victoire du « oui » sanctionne un vote de la peur, sur fond de crise économique, de récession et de catastrophe sociale. Alors même que les « politiques européennes » de l’UE ne vont pas manquer d’en aggraver les conséquences.