La nouvelle se répand depuis quelques semaines : l’Irlande inquiète à nouveau les marchés. Son déficit devrait être beaucoup plus important que prévu… parce que le plan de renflouement des banques, et notamment de l’Anglo-Irish Bank, connue pour sa forte proportion d’actifs toxiques, a coûté plus cher que prévu ! Pourtant, le gouvernement irlandais s’était enorgueilli d’avoir appliqué à la lettre les recettes du FMI, et d’avoir ainsi évité une situation que la Grèce a connue il y a quelques mois. L’Irlande fut un des tous premiers pays touchés par la crise. Le boom économique entre 1990 et 2007 était fondé sur la spéculation immobilière et une politique de dumping fiscal visant à favoriser l’installation de grandes multinationales. Avec l’éclatement de la bulle immobilière et les effets de la crise économique, l’économie irlandaise s’est effondrée, les recettes fiscales et le PIB ont fortement diminué (moins 17 % en trois ans pour le PIB !), tandis que le chômage et la dette publique, aggravée par les plans de sauvetage des banques, ont augmenté. Pour éviter la faillite, le gouvernement Fianna Fail (droite) a imposé en 2009 des plans de réduction des dépenses sans précédent, qui impliquaient, outre la réduction des budgets sociaux, une réduction des salaires de près de 10 % dans la fonction publique, cumulée à une hausse de l’impôt sur le revenu. Tous les impôts ont augmenté… hormis l’impôt sur les sociétés, maintenu contre vents et marées en dessous de 20 %. Cette politique de guerre sociale n’a pas rencontré le succès promis, puisque le système financier pompe toutes les économies réalisées. Incriminant la baisse des prix, le gouvernement présente une nouvelle facture à la population, déjà très durement frappée par la crise, annonçant maintenant un renforcement de la politique d’austérité pour les quatre ans à venir, prévoyant notamment une taxe sur l’eau et un plan de réduction drastique des effectifs dans le système de santé, premier employeur du pays… La situation irlandaise est la preuve que la potion imposée par les gouvernements européens ne fonctionne pas : les capitalistes n’ont pas de plan anti-crise ! À l’échelle européenne, il faut faire en sorte de tisser des solidarités puissantes, pour résister ensemble à l’austérité et refuser de payer la crise.
Ingrid Hayes