La frontière entre les États-Unis et le Mexique et l’immigration sont aujourd’hui au cœur de la campagne présidentielle américaine. Le candidat républicain à la présidence, Donald Trump, et le Parti républicain affirment – comme ils l’ont fait en 2016 et en 2020 – que des meurtriers, des violeurs et des trafiquants de drogue mènent une « invasion » des États-Unis qui met en péril l’identité nationale et le pays lui-même.
Trump affirme, à la manière d’Hitler, que les immigrantEs « détruisent le sang de notre pays ». Il accuse le président Joe Biden et les démocrates de ne pas avoir défendu le pays et son héritage.
En réponse, Joe Biden, qui avait promis en 2020 une politique plus humaine à la frontière, déclare au contraire aujourd’hui que si le Congrès lui en donne l’autorisation, il fermera la frontière et exercera un contrôle plus strict, ce qui consterne certains de ses partisans.
Selon un sondage PEW réalisé l’été dernier, environ 75 % des Américains estiment que le gouvernement américain ne fait pas un bon travail à la frontière et près de la moitié d’entre eux pensent que l’immigration clandestine est un problème majeur. Les deux partis, républicain et démocrate, s’accordent également pour dire qu’il existe une crise à la frontière sud des États-Unis qui entraîne des problèmes dans le maintien de la politique d’immigration.
Plus de 3 200 000 personnes par an
L’année dernière, les États-Unis ont accueilli 1,8 million d’immigrantEs légaux, soit un peu plus que la moyenne, mais beaucoup plus de personnes sont sans papiers. En décembre 2023, les autorités américaines ont placé en détention 225 000 immigrantEs sans papiers qui ont franchi la frontière en dehors des points d’entrée officiels et, chaque mois, elles traitent les cas de 50 000 autres personnes qui se présentent aux points d’entrée officiels. Cela représente plus de 3 200 000 personnes par an. Environ 430 000 d’entre elles ont demandé l’asile parce qu’ils craignaient des violences dans leur pays. Il s’agit de plus en plus souvent de familles avec enfants originaires du Venezuela et d’Amérique centrale.
Les tribunaux américains de l’immigration sont débordés, avec plus de deux millions d’affaires en cours. Le nombre considérable d’immigrantEs le long des frontières crée parfois des conditions chaotiques dans les villes et villages frontaliers, où les gouvernements locaux et les organisations d’aide aux migrantEs dépassent leurs capacités.
Les gouverneurs républicains défient la Cour suprême
Le gouverneur républicain du Texas, Greg Abbott, a mené le combat sur la question des migrantEs, en transportant plus de 100 000 immigrants vers des villes du nord comme Washington, D.C., New York, Chicago et Philadelphie, qui sont gouvernées par des démocrates, ce qui a entraîné des crises dans les domaines du logement, de l’éducation et de l’aide sociale dans ces endroits. Depuis 2021, Abbott a ordonné à la Garde nationale du Texas de placer des barbelés le long de la frontière, bien que le contrôle de la frontière relève de la compétence fédérale et non de celle de l’État. L’administration de Joe Biden a ordonné l’enlèvement des barbelés, ce qui a été confirmé par la Cour suprême des États-Unis dans une décision partagée (5 contre 4). Le Texas a défié la Cour, ce qui a provoqué des tensions entre la Garde nationale et les autorités américaines chargées de l’immigration.
Ron DeSantis, gouverneur républicain de Floride, a déclaré qu’il enverrait 1 000 soldats de la Garde nationale de Floride au Texas pour soutenir les forces d’Abbott. Quelque 25 des 26 gouverneurs d’État républicains soutiennent M. Abbott.
La majorité républicaine de la Chambre des représentants s’apprête à mettre en accusation Alejandro Mayorkas, le chef de la sécurité intérieure, qui est responsable de la frontière. Le Sénat, contrôlé par les démocrates, ne le condamnerait certainement pas. Il s’agit d’un coup d’éclat visant à gagner des électeurs à Trump.
Les suprémacistes blancs veulent « reprendre la frontière »
Pendant ce temps, les nationalistes chrétiens blancs d’extrême droite ont organisé la semaine dernière une caravane baptisée « Armée de Dieu », qui s’est rendue de la Virginie à la frontière du Texas – soit environ 1 400 miles, 2 250 km – pour « reprendre la frontière ». Avec des bannières arborant le visage de Jésus et le drapeau américain, les organisateurs avaient promis de conduire 40 000 personnes à la frontière, mais seules quelques centaines d’entre elles ont finalement fait le voyage. Les dirigeants des communautés frontalières du Texas, qui sont en grande partie des Américains d’ascendance mexicaine, se sont élevés contre le convoi raciste.
La modification de la législation sur la frontière et l’immigration est bloquée au Congrès parce que les Républicains veulent que le problème reste irrésolu, ce qui est bon pour la campagne de Trump !
Dan La Botz, traduction Henri Wilno