Manuel Valls prétend « réparer les dégâts de la mondialisation ». Tel est le titre du long texte-programmatique qu’il publie (pour préparer sa campagne électorale ?) dans les Échos du jeudi 24 novembre. Il faut « humaniser la mondialisation… La mondialisation doit être mise au service des peuples, au service du peuple ! » Valls y explique que la mondialisation n’a pas tenu ses promesses, fait des dégâts et crée de l’insécurité. La faute à qui ? À « certains pays émergents » qui « soumettent nos industries, notre agriculture à une concurrence déloyale »...
Pas un mot sur la liberté des mouvements de capitaux qui permet à la finance de spéculer et de déstabiliser les économies, de faire pression pour plus d’austérité par l’intermédiaire des agences de notation. Pas un mot sur les multinationales, y compris françaises, qui se moquent des conditions de travail imposées aux travailleurEs et font pression sur leurs sous-traitants pour qu’ils tiennent les délais les plus brefs aux prix les plus bas, entraînant des drames comme celui de l’effondrement du bâtiment industriel Rana Plaza en 2013 (1 137 mortEs). Pas un mot sur le traité de commerce Europe-Canada – le CETA – (et celui actuellement en panne entre l’Europe et les États-Unis) qui contient des dispositions attentatoires aux normes sanitaires et environnementales. Et les paradis fiscaux ne sont abordés que par la bande, à travers les mécanismes utilisés par les multinationales.
C’est toujours la même antienne focalisée sur le commerce de marchandises et les pays émergents, alors que les acteurs de la mondialisation capitaliste – et de ses dégâts – se trouvent bien « chez nous » : « nos » industriels, « nos financiers » qui jouent au Monopoly pour maximiser leurs profits.
Enfin, pour faire bonne mesure, Valls ajoute un autre facteur d’insécurité : « les flux migratoires », « l’Europe doit mieux contrôler ses frontières »... Décidément, la fonction de gens comme Valls est de désigner au mécontentement populaire des boucs émissaires pour exonérer les vrais responsables.