Publié le Mercredi 17 mars 2021 à 10h20.

Les droits démocratiques violemment attaqués en Grèce comme au « sale vieux temps » ?

Ces dernières semaines, poussé par ses échecs chaque jour plus évidents (manque de soignantEs, dette croissante…) et par de très fortes mobilisations contre sa politique (éducation, santé, environnement…), le gouvernement « orbanisé » de Mitsotakis a accentué sa politique répressive, avec la volonté manifeste d’en faire un axe central.

La défense des droits démocratiques relève de l’urgence, même si les grosses manifestations qui ont rempli la semaine écoulée n’oublient pas pour autant les revendications sociales. Face à une droite dont l’inspiration actuelle renvoie à la période de la junte (1967-1974), pour ne pas dire de la guerre civile (1945-1949), la lutte contre l’État policier est une priorité.

Trois luttes pour les droits

– On assiste à des luttes étudiantes massives contre la loi de privatisation et de répression, avec 20 millions budgétés pour créer un corps de 1 000 policiers dans les facs ! La loi a été votée, mais manifs et occupations continuent. La police est intervenue violemment la semaine dernière à Salonique contre l’occupation de la présidence, déclenchant des manifs géantes, avec participation des enseignantEs. À Ioannina, la ministre de l’Éducation a carrément ordonné au président de la fac occupée d’appeler la police, ce qu’il a refusé ! Et partout dans le pays, on voit descendre des milliers de jeunes dans les rues, contre la répression et pour le droit aux études ;

– Mobilisations également, à l’appel d’organisations solidaires, en soutien aux droits du prisonnier politique Koufondinas qui après 65 jours, vient d’arrêter sa gréve la faim ;

– En partie en conséquence des deux mobilisations précédentes, portée entre autres par l’Initiative des juristes et des avocats, la défense des droits démocratiques a pris cette semaine une très forte dimension, après que dimanche dernier, des habitantEs de Nea Smyrni, banlieue d’Athènes, se sont vu ordonner sans raison de quitter la place où jouaient leurs enfants, par des flics de Drasi, une unité de « voltigeurs » tristement célèbres pour leur violence… qui s’est ensuite déchaînée contre un jeune solidaire, battu et injurié (« On espère te voir crever, les gens comme toi et Koufondinas »…). Mais ce qui a suivi cet acte terroriste, ce n’est pas la peur, mais une immense colère populaire, qui a culminé le mercredi où plus de 10 000 habitantEs ont manifesté dans la ville, avec plus tard des flics déchaînés frappant et arrêtant sans motif, sous les huées des gens aux balcons. Et alors que s’accumulent les témoignages de violences policières (« Venez, on va les tuer »), de menaces de viols, et la dénonciation d’une politique de terreur (depuis novembre, 839 interpellations, 376 arrestations, rappelle le journal Ef Syn), le week-end dernier ce sont des milliers de manifestantEs qui se sont rassemblés dans de nombreuses villes.

Même pas peur

Impressionnant : dans les manifs, on voit avant tout des milliers de jeunes crier « Le terrorisme ne passera pas ». C’est le fruit des années de luttes contre les nazis armés et protégés par la police, mais aussi le refus déterminé de la droite au pouvoir, ce que confirment les sondages. Le gouvernement est bousculé, ses mensonges et sa manipulation des médias apparaissent de plus en plus, c’est un premier pas très important. La suite dépendra bien sûr des capacités d’agir en front uni, cela se dessine un peu ici ou là, mais déjà le succès des rassemblements du week-end dernier dans des banlieues ouvrières (Elefsina, Egaleo…) est un indice de l’ampleur de la colère de classe !