Publié le Mercredi 8 avril 2020 à 10h48.

Les États-Unis dans la tempête, les travailleurEs se mobilisent

Les États-Unis sont désormais frappés par la tempête de la pandémie de coronavirus avec des centaines de milliers de cas et 10 000 décès (au 6 avril), des millions de chômeurEs tandis que les secours fédéraux ne sont pas encore arrivés, de sorte que des millions de personnes ne peuvent plus payer leur loyer ou leur crédit.La ville de New York est l’épicentre, avec plus de 63 000 cas et plus de 2 250 décès au 5 avril. À New York la maladie connaît une croissance exponentielle et devrait culminer entre le 9 et le 15 avril. Pourtant, malgré ces conditions, les travailleurEs s’organisent et ripostent.

Inégalités raciales et économiques

Au total, 41 des 50 États, le district de Columbia (où se trouve Washington), trois comtés, huit villes et Porto Rico ont désormais un régime de confinement, touchant au total 311 des 330 millions d’ÉtatsunienEs. Les interruptions d’activité et les quarantaines ont mis environ 12 millions de personnes au chômage, ce qui porte le taux de chômage à 12 %, soit déjà 2 % de plus que lors de la récession de 2008 – et la crise économique ne fait que commencer. Les États-Unis entrent dans une grande dépression qui pourrait être pire que celle des années 1930. Dans le même temps, des millions de « travailleurs essentiels », souvent des travailleurEs des services à bas salaire, qui ont désespérément besoin de leur paie, continuent de travailler en se mettant en danger de contracter la maladie.

Les inégalités raciales et économiques de la société signifient que le virus a un plus grand impact sur les personnes de couleur et les pauvres. Les pauvres en Amérique sont plus susceptibles d’avoir des problèmes de santé – diabète, asthme et maladies cardiovasculaires – qui les rendent plus vulnérables au Covid-19. Ils et elles vivent dans des conditions plus difficiles (logements plus petits, situation de travail), ce qui signifie que le coronavirus se propage plus rapidement parmi eux. Les cartes montrent que les zones noires et latinos de New York et d’autres villes sont plus durement touchées, avec proportionnellement plus de cas. Les communautés blanches ont plus accès aux tests que les communautés noires et latino-américaines.

Plans de sauvetage

Le Congrès envisagera probablement un autre plan de sauvetage au-delà des 2 000 milliards déjà alloués, principalement pour soutenir les grandes entreprises, mais qui inclut aussi des dispositions concernant la santé et le soutien financier des travailleurEs. D’après les mesures récemment adoptées, des millions de travailleurEs au chômage devraient recevoir la première des six semaines de paiement le 17 avril (d’autres les obtiendront plus tard) mais les loyers devaient généralement être payés le 1er avril. Les chômeurEs recevront 600 dollars par semaine en plus de leurs allocations chômage (versées par les États), mais celles-ci varient de 275 dollars à 713 dollars.

Les États-Unis comptent également huit millions de travailleurEs immigrés sans papiers, dont la plupart ne pourront prétendre à aucun paiement fédéral. Et les immigrantEs qui ont des visas qui leur permettent de travailler ne recevront les allocations chômage et les paiements fédéraux que pendant 60 jours, après quoi ils et elles perdront leur visa si ils et elles sont au chômage.

Le président Donald Trump a continué de fournir des informations trompeuses ou déroutantes en contradiction avec les autorités sanitaires. Les Centers for Disease Control (centres pour le contrôle des maladies) ont recommandé que les gens portent un masque lorsqu’ils sortent pour empêcher les personnes non symptomatiques de transmettre la maladie à d’autres, mais Trump a déclaré que c’était volontaire et qu’il ne le ferait pas. Les gouverneurs du Delaware, de la Floride, du Michigan, du Nouveau-Mexique, de l’Ohio, du Texas et de la Virginie-Occidentale ont également compliqué la situation, appelant à la distanciation sociale mais autorisant les services religieux.

Résistances

Les travailleurEs – avec ou sans syndicats – ont mené des grèves, grandes ou petites, principalement pour des problèmes de santé et de sécurité soulevés par la pandémie. Les travailleurEs de l’automobile de Detroit, les éboueurEs de Philadelphie, les ouvrierEs de la transformation du poulet en Géorgie, les ouvrierEs des chantiers navals du Maine, les employéEs des entrepôts de supermarchés de Memphis et les serveurEs d’un bar et d’un restaurant de Portland, en Oregon, se sont mobilisés. Chez Amazon, une entreprise sans syndicat comptant 750 000 travailleurEs, il y a eu une série de grèves à New York, Chicago et dans la région de Detroit.Celles et ceux d’entre nous, militantEs de Solidarity et de DSA, qui se réunissent par visioconférence, participent à l’organisation des enseignantEs, des infirmières, des travailleurEs des entrepôts et d’autres lieux de travail, ainsi qu’au sein des communautés. Nous demandons une législation pour protéger la santé et le bien-être de chacunE. Nous nous battons pour des réformes et nous nous battons aussi pour le socialisme.