Publié le Jeudi 30 juillet 2009 à 22h51.

Mission en Palestine de militants du NPA. Billet n°2 Haifa, le 28 juillet 2009 : les Palestiniens de 48,des réfugiés sur leur propre terre

Trois mois après la mission NPA menée par Olivier Besancenot et Myriam Martin, un groupe de militants du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) de la région parisienne actuellement en Palestine témoigne de la situation sur place.

La confiscation des terres par l'Etat d'Israël

La visite de la vieille ville de Jerusalem et de la partie Est nous avait rendues palpables les discriminations dont sont victimes les citoyens et résidents palestiniens dits de 48 (ceux qui sont restés en Israël après la Naqba).

La rencontre avec l`association Adalah1 nous permet à présent de saisir plus précisément comment les mécanismes juridiques mis en place par l'Etat d`Israël, notamment pour l'accès a la terre, favorisent le projet sioniste.

Les Palestiniens de 48 possèdent ont comme caractéristique d'être des refugiés dans leur propre pays. La ségrégation dont ils sont victimes se manifeste par la perpétuelle confiscation de terres depuis 1948, qui vise à maintenir une majorité juive avec un accès réservé à la terre. Aujourd'hui, moins de 3,5 % de la terre est possédée par les Palestiniens, et cela est de la responsabilité directe de l'Etat qui contrôle 93 % du territoire. Celui-ci est divisé en unités régionales qui délivrent l`accès à la terre. Pour établir une colonie ou utiliser la terre pour la cultiver ou construire des bâtiments, il est obligatoire de passer devant une commission d`admission qui relève des autorités régionales. De 1948 a 2003, la raison invoquée pour refuser l`accès à la terre aux Palestiniens était leur nationalité. Depuis 2003 la loi a changé et désormais le critère pris en compte par les commissions d`admission touche à "l'adaptabilité" ou "l'inadaptabilité" sociale des candidats. Les autorités régionales mettent ainsi en place des tests psychologiques qui déterminent cette éventuelle adaptabilité sociale. Tout cela n`a pour but que d`exclure les Palestiniens de l`accès à la terre, mais cette législation est aussi discriminatoire à l'égard d'autres catégories de la population, comme les Ethiopiens, les homosexuels ou les familles monoparentales. 

Evolution de la politique territoriale

Une des conséquences de cette interdiction de fait d'avoir accès à la terre pour les Palestiniens est de transformer les villages en semblants de camps de refugiés, avec une augmentation constante de la densité de population. Dans les faits, les autorités arabes au sein du territoire israélien ne contrôlent que 2,5% de la terre, dont seuls 30 % peuvent être développés.

La politique israélienne de gestion de la terre est en train de changer, mais dans un sens toujours plus défavorable aux Palestiniens. Après 1948 les propriétés palestiniennes ont été mises sous tutelle du gouvernement israélien, tant qu'une solution au problème des refugiés n'était pas trouvée : l'Etat en avait l`usufruit mais ne pouvait les vendre. Mais depuis deux ans, une nouvelle législation autorise la vente des terres, c'est-à-dire le transfert de celles-ci de la propriété étatique vers le privé, en particulier concernant des terrains déjà construits. A partir du moment où les terres sont privatisées, il est encore plus difficile pour les Palestiniens de les récupérer. L'Etat israélien cherche ainsi à "résoudre" le problème des refugiés en les privant à jamais de leurs terres. Cette privation des terres s'accélère actuellement et tend à rendre impossible le retour des 250 000 refugiés de l'intérieur qui réclament leur droit au retour.

Il faudrait également évoquer la situation des Bédouins qui vivent dans le désert du Neguev/Naqab. Après avoir été chassés de leurs terres, ils ont créé de nouveaux villages afin de survivre. Mais ces villages ne sont pas reconnus par l'Etat israélien ; ils ne bénéficient donc d`aucun service et sont menacés à chaque instant d`expulsion ou de destruction. Le but des gouvernements successifs en Israël est de concentrer les Bédouins dans quelques villages autorisés, afin de contrôler les terres autour ; cette politique se pare du doux euphémisme de "normalisation" mais se traduit en réalité par un appauvrissement des populations bédouines qui sont privées de leurs terres agricoles. 
Cette politique spécifique concernant les Palestiniens de 1948 est dans le droit fil des mesures prises à l'encontre de l'ensemble des refugiés, qui, en plus des exactions quotidiennes, se voient confisquer leurs terres lorsque celles-ci se situent sur le tracé du mur de séparation entre Israël et les territoires Palestiniens.

Que pèsent alors le droit international et les résolutions de l'ONU? Peu de choses semble-t-il pour l'Etat d'Israël qui s`apprête à graver dans le marbre constitutionnel les politiques mises en oeuvre depuis 1948, et renforce les lois répressives, notamment à travers l'interdiction du regroupement familial pour les Palestiniens ou la facilitation  de la révocation de leur citoyenneté. A contrario, l'association Adalah a rédigé un projet constitutionnel alternatif oeuvrant à l'égalité totale de tous les résidents d'Israël et au droit au retour des refugiés.