Le 2 janvier, le pouvoir autocratique d’Arabie saoudite a exécuté par balles ou par décapitation quarante-sept hommes dans douze villes du pays. Ils avaient été condamnés dans des procès iniques pour « terrorisme »... un qualificatif qui peut s’appliquer dans ce pays à toutes celles et ceux qui s’opposent au régime. Parmi les condamnés figurent plusieurs militants de l’opposition actifs lors du soulèvement populaire initié en 2011, comme Nimr Baqer al-Nimr qui avait pris la tête du soulèvement de la province orientale et avait tenu des propos virulents contre les dictateurs de la région.Le nouveau souverain soi-disant « réformateur » veut marquer des points dans la concurrence des puissances régionales, en particulier en Syrie. Il mène une sale guerre au Yémen, mais doit introduire des mesures d’austérité sans précédent au pays de la manne pétrolière du fait de la baisse du prix des carburants. Cette série d’exécutions vise à resserrer l’emprise interne du monarque et de son fils, mais a provoqué d’importantes manifestations de protestation, en Arabie saoudite avec une répression qui a fait au moins un mort, mais aussi au Bahreïn.
Les dirigeants iraniens protestent bruyamment parce que certains des condamnés comme al-Nimr font partie de la minorité chiite, mais ils utilisent de la même façon les condamnations à mort pour faire taire leurs propres opposants. Quant au gouvernement français, il est particulièrement hypocrite en se contentant de « déplorer » ces peines capitales, alors que depuis la visite de Hollande à Riyad en mai dernier et la tenue de la commission jointe franco-saoudienne, c’est un permis de tuer qui a été délivré par la France. Des promesses de ventes pour au moins 20 milliards d’euros sont en jeu : hélicoptères Airbus H145, patrouilleurs maritimes, centrales nucléaires EPR, accords sur la formation à la sûreté nucléaire et le traitement de déchets…En exacerbant les tensions au Moyen-Orient, l’Arabie saoudite apporte une nouvelle preuve du cynisme des politiques extérieures de la France et des USA, ses alliés privilégiés. Loin d’être un rempart au terrorisme djihadiste, les régimes dictatoriaux et théocratiques ont contribué à sa formation, et leurs exactions le renforcent !Le NPA apporte son soutien à tous les opposants au régime des Al Saoud qui se battent pour la démocratie, la justice sociale, et qui réclament « le renversement du régime ».
Jacques Babel