Publié le Mercredi 26 juin 2024 à 11h00.

Palestine : Fin de la guerre intense… mais Gaza se meurt

Benjamin Netanyahou est invité à parler au Congrès des États-Unis en juillet, tandis que le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant est déjà arrivé aux États-Unis cette semaine. Une provocation puisque des mandats d’arrêt ont été déposés contre eux par le procureur de la CPI (Cour pénale internationale).

Il s’agit, comme à l’accoutumée, d’un crachat à la figure du droit international, art dans lequel Israël est passé maître. Il est vrai que les États-Unis sont pour l’instant le seul pays où ils seraient les bienvenus sans gêne, et Gallant a besoin de soutien.

Changement de pied pour l’armée israélienne

Si la mobilisation aux États-Unis a commencé à faire vaciller sa position de soutien inconditionnel, l’administration américaine sous la pression, sans réellement diminuer les livraisons d’armes, a commencé à la transmettre aux dirigeants israéliens.

Cette pression existe aussi en interne. Samedi à Tel-Aviv, plus de 150 000 personnes selon les organisateurs ont scandé des slogans contre le gouvernement Netanyahou, demandant des élections anticipées et le retour des otages, le rassemblement le plus important depuis le début de la guerre.

La visite de Gallant cache une autre difficulté : s’assurer du soutien des États-Unis pour l’offensive au Liban. Visiblement, les provocations israéliennes ont forcé la main au Hezbollah qui est obligé de répondre. La milice armée du Hezbollah étant autrement plus entraînée et armée, cela crée mécaniquement deux fronts que l’armée israélienne ne peut pas assurer.

La conjonction de tous ces évènements explique l’annonce par Netanyahou d’une baisse d’intensité de la guerre : « La phase intense des combats contre le Hamas est sur le point de se terminer [...] Cela ne signifie pas que la guerre est sur le point de se terminer mais la guerre dans sa phase intense est sur le point de se terminer à Rafah ».

Crimes de guerre

Cette guerre est pourtant toujours très meurtrière. Le nombre de mort est en train de dépasser les 40 000 victimes (et probablement plus en réalité). Ces opérations militaires ressemblent de plus en plus à un génocide. En effet, les preuves s’accumulent de crimes de guerre de manière systématique : ainsi, le cas Bader Dahlan, un jeune Palestinien de Khan Younis, au sud de la bande de Gaza, enlevé par l’armée israélienne, emmené dans un camp de l’armée israélienne où il a été torturé pendant un mois. Les images du jeune homme les yeux exorbités et aux propos incohérents après son emprisonnement ont fait le tour du monde.

De même une reconstitution minutieuse a été effectuée du meurtre de Hind Rajab, la fillette de 6 ans qui avait appelé les secours, bloquée dans sa voiture avec sa famille morte autour d’elle.

La voiture est criblée de balles qui correspondent à celles provenant d’un tir de tank. Des enregistrements audios permettent de déterminer que le tank se trouvait à quelques mètres et tout à fait en capacité de voir qui étaient les passagers. La mort de Hind – ici confirmée comme un assassinat direct – est aussi emblématique de la guerre génocidaire que mène Israël.

Quand cela se terminera-t-il ?

Les pourparlers pour un cessez-le-feu s’enlisent surtout quand on se rappelle qu’à ce stade Netanyahou joue sa position politique. Aucun des objectifs délirants, comme la destruction du Hamas, n’ont été atteints. Même les objectifs les plus raisonnables comme la libération des otages (116 restants dont 41 tués). L’opération abominable de « sauvetage » de quatre otages contre le massacre de presque 300 personnes, dont de nombreux enfants, est un exemple de la conduite de ce massacre.

Si la situation de guerre est moins intense la situation reste infernale pour les GazaouiEs : la situation humanitaire est désespérée. Des camions d’aide humanitaire portant de la nourriture avariée ont causé énormément de cas d’intoxication alimentaire.

Un sujet de campagne

En France, la mobilisation est un peu passée au second plan par rapport à la dynamique sur les élections législatives. Mais il est clair que la Palestine reste un sujet dans cette campagne et une source de délimitations.

C’est notamment visible dans le programme du Nouveau Front populaire : si certaines propositions mettent sur le même plan l’État colonial et la résistance palestinienne, de nombreuses revendications sont celles du mouvement de solidarité : cessez-le-feu, embargo sur les armes, sanctions (contre Netanyahou et pas Israël, cela dit), suspension (mais pas abrogation) de l’accord d’association Union européenne/Israël, cela reste un bon point d’appui pour ne pas cesser de parler de Gaza !

Édouard Soulier