Publié le Dimanche 6 février 2011 à 16h17.

Pays basque : répression, toujours répression !

Prolongement de la stratégie entamée par la gauche abertzale : ancrage dans un processus démocratique et mobilisation de la communauté international...

Le 10 janvier 2011, ETA déclare un cessez-le-feu « permanent, général et vérifiable ». Cette déclaration complète la stratégie entamée par la gauche abertzale (radicale) depuis plus d’un an, dont l’objectif est de sortir de l’isolement politique causé par l’illégalité du parti, la répression et les interdictions systématiques, emprisonnement de responsables, privation de liberté d’expression, d’organisation, de manifestation, d’élections... Pour y parvenir, Batasuna a mené des débats internes l’amenant à envisager uniquement des moyens démocratiques et pacifiques pour résoudre les questions politiques. Il lui fallait aussi « rebattre » les cartes politiques par de nouveaux rapprochements : l’accord stratégique, début 2010, avec le parti Eusko Alkartasuna (EA) et depuis le début de l’année, le rapprochement avec Aralar via le mouvement Adierazi Euskal Herria (EH) (« Faire entendre le Pays basque ») en sont des exemples. Parallèlement, les deux syndicats abertzales, ELA et LAB, sont entrés dans une dynamique de travail en commun tant dans le domaine syndical que dans d’autres aspects sociaux et politiques, ce qui a rendu possibles des mobilisations très importantes de la société civile. Encore une fois, les forces indépendantistes montrent que la lutte pour la libération nationale est indissociable de la lutte sociale. La tentative d’imposer un nouveau rapport de forces aux gouvernements français et espagnol passe aussi par la sollicitation de la communauté internationale.C’est ainsi qu’un groupe de députés européens approuvant le processus de paix a été créé. La déclaration de Bruxelles du 29 mars 2010 – rédigée par l’avocat sud-africain Brian Currin et signée par une vingtaine de personnalités internationales dont John Hume, ancien Premier ministre irlandais et Mary Robinson, ancienne présidente de l’Irlande ainsi que par quatre prix Nobel de la Paix –, appelait ETA à un cessez-le-feu et le gouvernement espagnol à y répondre « de manière appropriée », en respectant tous les droits humains, civils et politiques. Ceci dans le respect des principes Mitchell1, couplant, comme ce fut le cas en Irlande du Nord, la problématique du désarmement à celle des négociations. Les réponses des gouvernements espagnol et français : répression, arrogance et dénis de droitFace à ces avancées significatives et à la mobilisation forte de la société basque qui ne fléchit pas, les gouvernements français et espagnol brillent par leur arrogance et montrent leur inflexibilité : interdictions, arrestations, tortures, emprisonnements s’intensifient et sont justifiées par la prétendue « lutte antiterroriste ». Une semaine après la déclaration de cessez-le-feu, treize personnes sont arrêtées en Navarre, en Gipuzkoa et à Bayonne et plusieurs ont subi tortures et humiliations. 63 plaintes pour tortures ont été déposées en 2010 par des militants basques. Cela ne se dément pas : la violence d’État et de son appareil policier ne faiblissent pas en temps de trêve. Et même au contraire… Que faut-il pour que cela cesse ? L’État français n’est pas en reste : l’affaire Aurore MartinEn décembre 2010, la justice française prend la décision, inédite, de remettre Aurore Martin, citoyenne française et militante de Batasuna, aux autorités espagnoles pour avoir participé à des activités politiques de l’autre côté des Pyrénées. Ce précédent inquiétant d’utilisation du mandat d’arrêt européen, traduit la volonté de criminaliser l’action politique et d’instrumentaliser la justice, alors que Batasuna, parti légal en France, affirme avec force et sans ambiguïté sa volonté de participer à un processus démocratique. C’est inacceptable et de nombreux comités de soutien, des élus de toutes tendances et un large spectre d’organisations politiques, ont exprimé leur indignation à la suite de cette décision de justice.Condamnant ces tortures et pressions, le NPA affirme son soutien total au processus démocratique entamé par les forces politiques basques pour la résolution de ce conflit politique et exige du gouvernement français qu’il arrête les poursuites à l’encontre d’Aurore Martin. Il est temps que les gouvernements espagnol et français arrêtent toute violence et entament le processus de négociation avec les forces politiques et sociales basques !Maité VB. et Clément N.1. Principes de non-violence que toutes les parties en présence en Irlande du Nord devaient respecter.