Malgré la prédominance des facteurs locaux dans le choix du vote, il y a évidemment une lecture nationale des résultats électoraux du 1er octobre : pour la première fois depuis 32 ans, le parti au pouvoir a gagné les élections municipales.
C’est en effet en 1985 que les Portugais ont assisté pour la dernière fois à la victoire aux élections municipales du parti au pouvoir. La victoire du Parti socialiste en 2017, avec un gain de 10 municipalités, lui permet de gérer actuellement 159 des 308 municipalités du pays.
Le Parti socialiste en progression
Ces élections sont les premières depuis les législatives de 2015, où le PS est arrivé derrière la coalition de la droite PSD-CDS. Mais il a pu constituer un gouvernement avec l’appui au Parlement du Parti communiste portugais (PCP) et du Bloc de gauche. Les partis de droite PSD-CDS, responsables de l’application des politiques d’austérité de la troïka, espéraient que l’électorat infligerait une défaite à la coalition au pouvoir. Suite à cet échec électoral pour la droite, le leader du PSD et ex-Premier ministre Pedro Passos Coelho a annoncé son retrait prochain de la vie politique.
Bien que la gauche ait augmenté son pourcentage en voix et en élus lors de ces élections, les différents partis qui la composent n’en ont pas tous bénéficié de la même façon. En fait, seul le PS a réussi à gagner de nouvelles municipalités. Le PCP a perdu 10 municipalités, presque toutes au profit du PS – notamment dans l’Alentejo, bastion historique du PCP – et le Bloc de gauche n’en dirige toujours pas.
Résultats positifs pour le Bloc de gauche
Pour le Bloc de gauche, le résultat a été positif même s’il demeure modeste. Il a augmenté en voix (+ 50 000) et le nombre de conseillers municipaux est passé de 100 à 125, celui d’élus dans les cantons de 138 à 213 et le nombre de maires-adjoints de 8 à 12.
Les axes centraux de la campagne du Bloc de gauche, prenant appui sur les luttes locales, étaient la transparence, la défense des territoires et la protection de l’environnement, un renforcement des services sociaux et des services publics ainsi que la fin de la précarité pour les agents des services municipaux.
Tout en reconnaissant le travail important restant à accomplir pour développer son implantation locale, Catarina Martins, coordinatrice du Bloc, a souligné l’élection pour la première fois d’un élu du Bloc de gauche, Ricardo Robles, à l’exécutif municipal de Lisbonne.
La situation politique actuelle de la ville de Lisbonne est la même qu’en 2007. Le maire, Fernando Medina, a besoin du soutien du conseiller du Bloc de gauche pour avoir la majorité à l’Assemblée municipale. Tout au long de la campagne, Ricardo Robles a posé les conditions pour qu’à Lisbonne, puisse se mettre en œuvre la même coalition qu’au niveau national : programme de logements à loyer modéré, construction de dizaines de crèches municipales, augmentation du budget pour les écoles, développement des transports publics. Le résultat des négociations qui vont avoir lieu dans les prochaines semaines pourra conduire, en cas d’accord, à l’attribution d’un poste de maire-adjoint pour le Bloc de gauche.
Luis Branco (membre du Bloc de gauche), traduit par Alain Sergio