Le 2 mars, plus d'un million et demi de personnes sont descendues dans les rues dans tout le Portugal pour exiger la démission du gouvernement. Cette manifestation a changé le futur des luttes sociales.Ceux qui se souviennent du 25 avril, savent, après le 15 septembre et ce 2 mars, que la mobilisation générale et populaire n'est pas un phénomène isolé où un cri du cœur passager. C'est l'expression d'un espace social en lutte, une majorité qui prend la parole contre l'austérité, et qui transforme la société. Pour le mouvement social, la priorité est de faire tomber le gouvernement, et la motion de censure populaire lue au « Terreio do Paço » pourrait en être son manifeste. Dans les prochaines semaines, l'exigence d'en finir avec ce pouvoir et sa politique que personne n'a votée, devrait s'organiser sur la base d'une reconnaissance mutuelle – territoriale, décentralisée et ouverte – des forces rassemblées ce 2 mars. Dans chaque place, en tout lieu, nous devons nous retrouver, apprendre, informer, nous soutenir pour amplifier le mouvement. Les coupes budgétaires de 4 milliards d'euros décidées par la Troïka ciblent le cœur de « l’État social », mais la résistance à cette attaque représente ce 2 mars un moment sans précédent. Non seulement par la construction des mobilisations à partir des « mareas » dans l'enseignement, la santé et chez les retraités… mais aussi par la force unitaire qui rassembla salariéEs, usagers, syndicalistes, militantEs des mouvements sociaux, actifEs, retraitéEs et citoyenNEs. À la veille de dures confrontations, c'est le signal d'une mobilisation politique unitaire en défense de l'école publique, des services publics de santé et la protection sociale. Un agenda international contre la TroïkaLes forces anti-mémorandum doivent organiser une riposte commune et défendre des mesures concrètes pour une alternative. En premier lieu, le Bloco et le PCP ont cette responsabilité parce que nous avons exigé de nouvelles élections et que nous proposons un gouvernement de gauche pour rompre avec la Troïka. Pour autant cette unité ne doit pas se limiter à une discussion entre les partis anti-Troïka. Les multiples expressions qui surgissent de ce peuple qui occupe les rues sont aussi la force de ce projet. Parmi ces voix se retrouvent celles de nombreux socialistes qui refusent de participer au tour de chauffe pour une austérité version Seguro. Ce sont ceux qui reconnaissent la nécessité de renégocier la dette et de donner un virage radical à l'économie, l'unité de la gauche pour mettre en échec et mat toute la politique du mémorandum. L'extension de la mobilisation populaire au Portugal est un exemple pour tout le continent. Par son ampleur, pour la clarté de son cri, pour ses références à la révolution de 1974. Des gouvernements violents et instables dévastent la périphérie de l'Europe. En Espagne, une semaine avant le 2 mars, des centaines de milliers de personnes étaient aussi descendues dans les rues dans une « Maréa ciudadana » qui inonda 80 villes. La construction d'un agenda international contre la dictature de la dette est a la portée des peuples qui aujourd'hui se soulèvent. Et c'est dans la chaleur de ces taches urgentes que la gauche peut agir, maintenant ! Jorge Costa (Bloco de Esquerda, Portugal)
Crédit Photo
DR