Dimanche 22 octobre se tiendra le premier tour des élections présidentielles, dans le cadre d’un nouveau pic de la crise économique (le dollar parallèle est passé de 500 pesos en août à plus de 1 000 aujourd’hui). Tout indique que Javier Milei, le candidat d’extrême droite, arrivera en tête de ce scrutin, et peut-être même du 2e tour (voir l’Anticapitaliste n° 673).
Sa victoire pourrait signifier le début d’un véritable régime fasciste en Argentine. Car Milei n’est pas, contrairement à ce qu’en dit la plupart de l’extrême gauche argentine, un simple représentant de la bourgeoisie (certes plus à droite que la droite).
Nous avons déjà consacré un article à sa candidate à la vice-présidence, Victoria Villarruel. Fille de tortionnaire, elle cherche à réhabiliter la dictature de la fin des années 1970 (voir l’Anticapitaliste n° 674). Mais il y a aussi la ligne politique extrêmement dure de Milei lui-même, entre libéralisme économique et suppressions des libertés démocratiques, il promet : l’utilisation du dollar comme monnaie nationale, la privatisation de l’Éducation, de la santé et des retraites, le licenciement des fonctionnaires, la répression du mouvement social, une tolérance 0 aux délits, la réinterdiction de l’avortement, la légalisation du port d’arme…
Il faudra voir si Milei sera capable de mettre son programme en pratique une fois élu, mais rien n’est exclu : il a déjà annoncé qu’il n’hésiterait pas à faire passer ses réformes par référendum, comme l’ont fait avant lui les fascistes au pouvoir, Hitler en tête. Il est par ailleurs très probable que son régime s’appuierait sur des groupes ou milices qui seront invitées à se former pour assurer la sécurité des quartiers (il en existe déjà) ou même pour déloger les chômeurs s’ils coupent des routes.
Attaque frontale contre les acquis sociaux, forte répression, gouvernement par référendum, milices d’auto-défense : la possibilité d’un régime fasciste est donc sérieusement envisageable.
Organiser la résistance
Les opposants de gauche à Massa se divisent entre d’une part celles et ceux qui prennent le danger Milei au sérieux mais proposent, pour le contrer, de voter dès le premier tour pour Massa, le candidat du péronisme au pouvoir, le candidat du libéralisme et des attaques contre les travailleurEs ; et d’autre part le FIT trotskyste, qui maintient, à travers la candidature de Myriam Bregman, une voix indépendante absolument vitale, mais refuse de préparer la riposte contre Milei, dont il s’obstine à nier le caractère fasciste1. Les mouvements féministes semblent être parmi les seuls à mesurer l’ampleur du danger et à commencer à se mobiliser.
Que Milei soit élu ou pas, son succès va bouleverser les conditions d’exercice de la lutte de classes en Argentine. L’urgence n’est donc pas, n’en déplaise au FIT, d’attaquer ceux et celles qui vont voter (voire qui appellent à voter) Massa pour faire barrage à Milei. L’urgence est de mobiliser largement au-delà de l’échéance électorale, toutes celles et ceux qui sont prêtEs à lutter, quel que soit leur choix électoral, et de les rassembler dans un grand mouvement pour la défense des libertés démocratiques. Mais pour cela, il faudrait commencer par appeler un facho un facho…
- 1. Pour une analyse plus profonde de la situation on recommande ce texte de Martin Mosquera https://www.contretemps…