Publié le Samedi 7 février 2015 à 21h28.

PS et Syriza : pitreries et chantage  !

Par un étrange effet de mimétisme et de démagogie, tous les dirigeants politiques français ont salué la victoire de Syriza... jusqu’au FN et Philippot qui se félicite de la « gifle pour la caste UMPS européiste »... Le PS n’est pas en reste dans le cynisme politique et les retournements de veste.

Bruno Le Roux, leur chef de file au Parlement, a donné le ton, déclarant, sans rire, que « les propositions de M. Tsipras ont déjà été réalisées par la gauche depuis bien longtemps ». On se demande alors pourquoi, lorsque ce même Tsipras est venu en France en mai 2012, le PS avait refusé de le recevoir. Pourquoi aussi Hollande, sitôt élu président de la République, n’a jamais répondu à la lettre qu’il lui avait adressée ? Encore quelques semaines avant l’élection en Grèce, Moscovici, actuel commissaire européen aux Affaires économiques, soutenait sans réserve Samaras et la droite, saluant « le travail fait par les autorités grecques, (de) tant d’efforts, tant de choses accomplies que ce serait dommage de ne pas continuer »...

« Syriza est plus proche idéologiquement de François Hollande que de Jean-Luc Mélenchon », s’exclame aussi Jean-Marie Le Guen, alors que Cambadélis se félicite : « la victoire d’un parti de gauche est toujours une bonne nouvelle pour le PS ». Dans le Parisien, il en rajoute encore : « les socialistes français ont toujours estimé que la troïka était illégitime. [...] Syriza s’est recentrée acceptant de rester dans l’euro et prenant ses distances avec les positions extrêmes. Il était logique que le parti de Tsipras occupe la place du Pasok avec les thèmes qui étaient les siens en 1974 (la fin de la dictature, ndlr) ». Et pour mieux se rassurer, l’heure ne serait pas à un « Syriza à la française »... « Si Syriza existe en Grèce, c’est parce qu’il y a eu un effondrement du Pasok, ce n’est pas le cas en France », déclare Da Silva, porte-parole du PS, comme pour conjurer le sort.

Les belles paroles des usuriersLes « frondeurs » se joignent à ce concert dissonant. « Tsipras a levé un espoir dans son pays et dans toute la gauche européenne », selon Emmanuel Maurel, député européen, un frondeur qui n’a toujours pas osé rompre avec le gouvernement ! Et d’insister comme pour se rassurer lui aussi : « c’est révélateur de la faillite des partis traditionnels, englués dans les politiques d’austérité, sans imagination ni capacité de résistance. Syriza porte un discours socialiste traditionnel qui s’assume, et pas du tout radical. (...) C’est à nous d’inventer notre propre modèle. » L’enthousiasme de ces gens-là sait rester calme et prudent.

Europe écologie-les Verts ajoute sa petite note : pour Cécile Duflot, « il est l’heure d’une alternance européenne ». « Nous devons aider la Grèce, mais nous devons aussi l’inviter à ne pas tomber dans le piège traditionnel de la gauche. à une politique absurde d’austérité ne doit pas succéder une politique aveugle de relance », rajoute-t-elle fidèle à la politique du marais...

Avant de recevoir Tsipras mercredi 4 février, Hollande avait fixé le cap : « La France sera aux côtés de la Grèce dans cette période importante pour son avenir », afin qu’elle retrouve « le chemin de la stabilité et de la croissance »... précisant : « des engagements ont été pris et ils doivent être tenus ». C’est ce qu’a redit Sapin en recevant le ministre des Finances, Yanis Varoufakis. Un point qui fera accord parmi tous les usuriers de la Grèce.

Yvan Lemaitre