Publié le Mercredi 22 juillet 2015 à 10h50.

PS-Les Républicains : Union nationale contre le peuple grec

L’Assemblée nationale et le Sénat se sont donc exprimés, à titre consultatif, sur l’accord que l’union européenne a imposé à la Grèce. Sans surprise, les deux principaux partis institutionnels, à une très large majorité, ont approuvé cet accord.

Grandiloquence des mots...

Le plus ravi de tous est François Hollande, qui ne cache pas son enthousiasme : « cet accord, la France le voulait, il permet à la Grèce de rester dans la zone euro et c’était l’objectif ». Emporté par le récit de son épopée personnelle, il ajoute, sans que l’on voit franchement le lien : « ce qui nous dépasse tous, c’est la patrie »... C’est vrai qu’il a des raisons d’être content.

D’abord, il a resserré son camp autour de sa personne, neutralisant les « frondeurs » et ouvrant une perspective pour sa candidature à la présidentielle de 2017. Manuel Valls a même estimé que « le chef de l’État s’est hissé au niveau de l’histoire » ! Ensuite, la croissance revient un peu, et même si ça n’a aucun effet sur la décroissance du chômage, il pense que c’est bon pour lui. Enfin, de jouer le flic gentil au côté de Merkel lui permet d’affirmer qu’il a ressoudé le couple franco-allemand. Être aujourd’hui sur la photo, puis dans les annales de l’histoire européenne comme bon négociateur, ami du vaincu et du vainqueur, ça peut avoir de l’ importance pour la suite.

À droite, il y a eu un léger « couac » avec Sarkozy qui n’a pas pu s’empêcher de donner bruyamment son avis... pas forcément partagé dans son camp : « le gouvernement grec a suspendu de fait de lui même l’appartenance à la zone euro ». Du coup, le patron des Républicains n’a officiellement pas donné de consigne de vote. Une majorité des élus de droite s’est cependant prononcée pour cet accord, même si c’est dans ses rangs qu’il y a eu le plus d’opposition.

Malgré tout, ce qui ressort de ce vote consultatif, c’est que l’union nationale, leur union sacrée, s’est renforcée dans son hostilité contre le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Un vote pour conjurer leur peur, la mémoire du Non au référendum sur le Traité constitutionnel européen en 2005 est encore présente, leur peur de voir ébranler leur outil européen de domination par l’irruption de la volonté populaire. Et comme dans l’ensemble des parlements où ce vote a lieu, c’est aussi un avertissement à l’ensemble des peuples européens : en dehors de l’Union européenne, point de salut.

… Pour la défense inconditionnelle du système

Sur le dépeçage de la Grèce et la défense du système capitaliste, PS et Républicains auraient pu faire une déclaration commune. À droite, Bruno le Maire affirme : « je voterai pour car une sortie de la Grèce de la zone euro présente des risques économiques et politiques considérables ». En écho, Valls analyse que « la sortie pour la première fois de son histoire, d’un pays de la zone euro représente un risque pour la croissance et l’économie mondiale. Et un risque politique ».

Le risque économique existe pour les entreprises françaises et allemandes qui font des affaires en Grèce : Après avoir imposé dans le 1er mémorandum la poursuite des ventes d’armes à la Grèce, elles achètent beaucoup et à bas prix les biens communs de la Grèce. De plus, si le Grexit avait eu lieu, assorti de créations d’emplois en quantité, sans doute que le nombre de jeunes hautement diplômés qui émigrent notamment en Allemagne et y perçoivent des salaires mensuels de 5 à 600 euros en moyenne se serait tari.

Enfin, les banques ont besoin que la Grèce continue de payer encore et encore sa dette, une source de revenus considérable, et les nouvelles privatisations imposées serviront essentiellement à rembourser cette dette. Au-delà de l’intérêt sonnant et trébuchant des capitalistes français et allemands, la question de l’annulation de la dette est d’abord et avant tout une question politique : liquider la souveraineté et tout ce qui fait société dans un pays, pour que tous les autres hésitent à défendre leurs choix démocratiques, pourtant légitimes, contre l’arrogance des traités européens. Dans la violence de l’attaque de classe contre nous tous, la droite et la gauche aux affaires avancent main dans la main.

Celui qui aura été le meilleur médiateur des bourgeoisies européennes contre le peuple grec, qui a finalement permis, avec cynisme, la reddition de Tsipras, c’est bien Hollande et son gouvernement. C’est d’abord contre lui que nous devons construire une opposition sans concession au service de nos intérêts, avec autant de détermination qu’ils bâtissent leur union nationale contre notre classe.

Roseline Vachetta