Sous la pression de l’extrême droite, le gouvernement a suspendu les évacuations de Gaza. Une punition collective honteuse, alors que des milliers de vies sont en jeu.
Lorsque la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) a statué le 11 juillet dernier, disposant que toutE GazaouiE pouvait obtenir le statut de réfugiéE en France¹, un immense soulagement a saisi les demandeurEs d’asile gazaouiEs et leurs soutiens, et a fait envisager plus sereinement l’avenir à celles et ceux qui demanderaient l’asile à l’avenir
Une campagne de la fachosphère
Cette décision a été suivie d’une campagne de l’extrême droite. « L’annonce de l’accueil inconditionnel de tous les Gazaouis qui en feraient la demande, au titre du droit d’asile, est une folie pure », a déclaré Marine Le Pen, relayée par la fachosphère annonçant le « déferlement » de « hordes de terroristes ». Dans la foulée, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a gelé le 1er août les évacuations de GazaouiEs.
Depuis 2023, quelques centaines de GazaouiEs avaient bénéficié de ce dispositif, ayant pu obtenir des visas pour rejoindre des proches, pour être soignéEs ou pour étudier ou travailler, ces dernierEs essentiellement par le biais du Programme national d’accueil en urgence de scientifiques et d’artistes en exil (PAUSE)².
En gelant les évacuations, au prétexte d’une publication antisémite d’une étudiante gazaouie — laquelle, curieusement, n’aura pas à en répondre devant un tribunal, puisqu’elle a quitté la France pour le Qatar —, le ministre a essentialisé les GazaouiEs et les a soumisEs à une punition collective, mettant tous les candidatEs à l’exil en danger de mort.
Des mobilisations en manque de relais politique
Face au péril, les réactions ne se sont pas faites attendre : pétitions d’universitaires et de journalistes, puis de citoyenNEs ; manifestations devant le ministère des Affaires étrangères (MAE), dont un sit-in assorti d’une grève illimitée ; constitution d’un collectif à Dieulefit (Drôme) pour l’accueil d’Alaa Al Qatrawi ; et dénonciation de ce gel par maintes associations. Certaines d’entre elles, comme le GISTI, ont saisi le Conseil d’État³.
Si la mobilisation a été intense à la base, la question n’ébranle guère les partis politiques, hormis de récentes questions écrites posées au Parlement. Comme le résume Mathieu Yon, à l’initiative du « banc pour Gaza » devant le MAE : « La France parle de la Palestine sans entendre les Palestiniens. C’est une contradiction morale insoutenable, et le gel de l’accueil des GazaouiEs est peu évoqué par les responsables politiques, y compris à gauche »⁴.
À bon entendeur, salut !
Maria Puccini