L’Union européenne et le gouvernement espagnol se flattent des indices d’une reprise économique en Espagne. On peut déjà être sceptique sur sa pérennité, mais, sur le plan social, c’est la catastrophe : un quart de la population espagnole vit dans l’exclusion, selon un rapport annuel de l’organisation caritative catholique Caritas présenté fin septembre. « Sur les 11,7 millions d’exclus, 77,1 % n’ont pas d’emploi et 61,7 % n’ont pas de logement », indique l’organisation caritative. En 2007, avant la crise, l’ONG considérait que 16,3 % de la population vivait une situation d’exclusion sociale « grave ou modérée », 25,1 % en 2013. La rigueur a touché très fortement le système de protection sociale. Selon l’ONG, 500 000 foyers n’auraient ainsi aucun revenu faute de protection sociale, comme c’est le cas des chômeurs en fin de droits.
La situation espagnole illustre une tendance générale décrite dans un rapport de l’ONG britannique Oxfam qui met l’accent sur le développement des inégalités depuis 2007. « À travers le monde, des millions de personnes meurent faute de services de santé suffisants, et des millions d’enfants n’ont pas les moyens d’aller à l’école pendant que quelques-uns possèdent plus d’argent qu’ils ne pourraient en dépenser dans une vie », souligne Winnie Byanyima, directrice générale d’Oxfam International.
Pourtant, si l’on instaurait aujourd’hui un impôt de 1,5 % sur les fortunes des milliardaires du monde, les recettes annuelles permettraient de scolariser tous les enfants de cette planète et d’offrir une couverture santé universelle dans les pays les plus pauvres. En effet, un impôt sur la fortune de 1,5 % pour la tranche supérieure à un milliard de dollars de revenus dégagerait en 2014 74 milliards de dollars de recettes. L’Unesco estime à 26 milliards de dollars le déficit de financement annuel pour une éducation de base universelle, tandis que, selon l’OMS, l’offre des services de santé de base nécessiterait 37 milliards de dollars en 2015.