Le 29 décembre à Saint-Sébastien (État espagnol), une conférence de presse a réuni des militantEs politiques et syndicaux de nationalité française pour exiger l’arrêt des poursuites contre Aurore Martin et l’abrogation du mandat d’arrêt européen. C’est sans doute la première fois que s’est tenue une initiative de ce type dans l’État espagnol. Le 29 décembre, nous étions 25 militantEs de la CGT, de la FSU, de Solidaires, de la CNT, du NPA, d’Oldartu (collectif « Lutter Ensemble » du Pays basque Nord) à avoir fait le déplacement à Saint-Sébastien pour tenir une conférence de presse à laquelle avaient été invités médias espagnols et français. C’était une initiative à la fois inédite et militante puisqu’une déclaration politique d’Aurore Martin a été lue, ce qui est une infraction aux yeux de la loi espagnole. En effet, Aurore, de nationalité française, est membre de Batasuna, organisation nationaliste basque interdite en Espagne mais pas en France. Et c’est justement pour avoir tenu des conférences de presse semblables et avoir participé à des réunions qu’Aurore doit être transférée en Espagne, où elle risque douze ans de prison, le tribunal de Pau ayant donné son aval au mandat d’arrêt européen (MAE) délivré par les autorités espagnoles. Nous avons dénoncé les poursuites envers Aurore comme une atteinte aux libertés démocratiques élémentaires que sont les droits d’opinion, de réunion, d’expression. Nous ne sommes pas membres de Batasuna, mais nous avons revendiqué pour Aurore comme pour toutE adhérentE de Batasuna le droit de défendre publiquement ses positions. Et c’est pourquoi nous avons lu la déclaration que nous avait communiquée Aurore, qui actuellement se cache. Dans ce texte, elle affirme que « le conflit basque ne se réglera pas par la répression. Il appelle un processus de résolution de nature politique et démocratique, ce qui implique de respecter le droit à l’autodétermination». Aurore rappelle que « l’ETA a déclaré une trêve unilatérale de ses actions » et que « des pas doivent être également franchis par les États espagnol et français », en particulier que « le gouvernement espagnol doit aujourd’hui permettre à nouveau une expression légale et publique de la gauche abertzale. » « L’État espagnol doit mettre fin aux mesures d’exception qui s’appliquent au Pays basque Sud » a-t-elle ajouté par notre voix. Nous avons quant à nous dénoncé l’aggravation de la répression tant en France qu’en Espagne, alors que la gauche abertzale (nationaliste) agit et s’exprime en faveur d’une résolution démocratique et politique du conflit. Dans la deuxième partie de la conférence, nous avons montré que l’application du MAE à Aurore Martin – pour la première fois un gouvernement, le gouvernement français, va transférer unE de ses ressortissantEs à un autre État européen pour des « délits » qui n’en sont pas en France – est un intolérable précédent qui ouvre la porte à une répression pouvant frapper tout militant politique ou syndical européen. Dans la période de crise que nous connaissons, nous savons jusqu’à quel point les États peuvent utiliser les dispositifs répressifs à leur disposition en les justifiant au nom de la lutte contre la « violence » et le « terrorisme » ou encore au nom de la « sécurité ». Nous avons affirmé que malgré le MAE, nous serons, quel que soit le pays européen, aux côtés des travailleurs en lutte contre cette Europe capitaliste et contre toutes les oppressions, qu’aucune loi ne nous empêchera de penser et d’agir au nom des libertés individuelles et collectives. Nous avons terminé la conférence en appelant au soutien sans faille à Aurore, ainsi qu’à une campagne de masse du mouvement ouvrier européen pour l’abrogation de cette loi liberticide qu’est le MAE.Claude Larrieu
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Charlie Yvetot