La campagne présidentielle de l’ancien président Donald Trump et ses procès à venir peuvent conduire les États-Unis vers une crise constitutionnelle sans précédent.
Trump, premier ancien président à être inculpé, a été cité devant quatre tribunaux fédéraux et étatiques différents pour un total de 91 chefs d’accusation, dont beaucoup sont des délits graves. S’il était reconnu coupable de tous ces chefs d’accusation, il risquerait jusqu’à 712 ans et six mois de prison.
Trump reste néanmoins le principal candidat du Parti républicain et a utilisé les accusations portées contre lui pour rallier ses partisans et collecter des millions pour sa campagne et sa défense juridique. Après son inculpation dans l’État de Géorgie, sa photo judiciaire a figuré sur des T-shirts et des mugs et 7,1 millions de dollars supplémentaires ont été récoltés. Il soutient, et ses partisans le croient, que toutes les accusations sont une conspiration du président Biden et des démocrates pour le détruire avant l’élection de novembre 2024.
Quatre procès entre octobre 2023 et mai 2024
Dans l’affaire des pots-de-vin, Trump est accusé dans l’État de New York de 34 chefs d’accusation pour falsification de documents commerciaux. Ces accusations résultent du fait qu’il a payé l’actrice de porno Stormy Daniels en 2016 pour acheter son silence et éviter un scandale sexuel. Le procès est prévu pour mars 2024.
Dans l’affaire des documents, Trump est accusé par la Cour fédérale américaine du district sud de Floride de 40 chefs d’accusation pour avoir retiré de la Maison-Blanche des documents gouvernementaux classifiés, entravé la justice et défié une citation à comparaître. Le procès est pour mai 2024.
Dans l’affaire de l’insurrection, Trump est accusé devant les tribunaux fédéraux du district de Columbia (où se trouve Washington) de quatre chefs d’accusation de subversion électorale. Il est accusé d’avoir voulu faire obstruction aux procédures électorales officielles. Ce procès doit également avoir lieu en mars 2024.
Enfin, dans une quatrième affaire liée aux élections, dans l’État de Géorgie, Trump et 18 autres personnes sont accusés de 13 chefs d’accusation criminels : racket, tentative d’amener un fonctionnaire à violer son serment, dépôt de faux document, conspiration en vue de commettre une usurpation d’identité d’un fonctionnaire, de faire de fausses déclarations, de déposer de faux documents et de commettre une falsification. Le procès est prévu pour octobre 2023.
Trump tentera de retarder tous les procès
Compte tenu du nombre et de la complexité de ces affaires, il n’est pas certain qu’elles puissent avoir une issue avant la Convention républicaine de juillet 2024, au cours de laquelle le candidat du parti à la présidence sera désigné. Trump pourrait être jugé et condamné, mais il pourrait toujours se présenter légalement à l’élection présidentielle. S’il est reconnu coupable de crimes mais également élu président, Trump pourrait utiliser le pouvoir présidentiel pour se gracier lui-même, bien que cela puisse être contesté devant la Cour suprême. Une crise constitutionnelle se profilerait alors.
Outre les procédures judiciaires, certains juristes, libéraux comme conservateurs, soutiennent que Trump pourrait être disqualifié en vertu de la « clause d’insurrection » du quatorzième amendement à la Constitution. Adoptée en 1868 après la guerre de Sécession, cette clause disqualifie toute personne ayant participé à une insurrection contre le gouvernement américain. Des plaintes ont déjà été déposées pour faire valoir que le rôle de Trump dans l’insurrection de janvier 2021 et sa tentative de voler l’élection le rendent inéligible.
Trump en tête des sondages parmi les républicains
Parmi les candidats républicains, selon un sondage du Wall Street Journal, Trump est en tête avec 59 % des suffrages et son plus proche adversaire, le gouverneur de Floride Ron DeSantis, n’en a que 13 %.
Si Trump est nettement en tête des candidats républicains, les choses sont plus incertaines dans un affrontement avec Biden. Le sondage suggère que Trump battrait Biden par 40 % contre 39 %, certains votes allant à des candidatEs tiers. Le taux de participation et les électeurs indépendants seraient décisifs.
Âgé de 80 ans, Biden est le candidat présidentiel le plus âgé de l’histoire des États-Unis et, à l’heure actuelle, seulEs 42 % des électeurs l’approuvent. Pourtant un récent sondage AP-NORC montre que deux tiers des électeurs américains ne voteraient pas pour Trump en 2024. Ainsi, même s’ils souhaitaient avoir un candidat différent et plus jeune, les démocrates se rallieront probablement à Biden, qui a prouvé qu’il pouvait battre Trump.