Le président semble vulnérable pour la première fois depuis le début de son second mandat.
Donald Trump fait face à des revers qui ébranlent son hégémonie. Incapable d’améliorer la situation économique pour la majorité des Américains, il a essuyé une large défaite lors des élections du 4 novembre. À New York, le candidat qu’il soutenait, Andrew Cuomo, a perdu face au socialiste Zohran Mamdani, tandis que les démocrates ont remporté les gouvernorats du New Jersey et de Virginie. En Californie, ils ont aussi gagné un référendum sur le redécoupage des circonscriptions.
Les effets du shutdown
Trump a attribué ces défaites au « shutdown ». Celui-ci, inédit par sa durée — 43 jours — a causé de lourdes difficultés : des millions des 42 millions d’AméricainEs dépendant de l’aide alimentaire ont perdu leurs allocations pendant plus d’un mois. Le budget républicain prévoit en outre une hausse des coûts de l’assurance médicale pour 92 % des 45 millions de bénéficiaires de l’Affordable Care Act, rendant les soins inaccessibles pour des millions de personnes. 48 % des AméricainEs tiennent Trump et les républicains pour responsables.
Epstein fracture le MAGA
La publication des dossiers de Jeffrey Epstein revient à l’agenda du Congrès, soutenue à la fois par démocrates, républicains et par la base MAGA. Trump qualifie l’affaire de « canular », tout en demandant à la ministre de la Justice d’enquêter sur les démocrates cités dans les documents. Une motion pour la publication des dossiers pourrait être adoptée à la Chambre, voire au Sénat, avant d’arriver sur le bureau de Trump — qui hésite à y opposer son veto, de peur de ce qui pourrait le concerner. Cette situation a provoqué la première fracture publique au sein du MAGA : Marjorie Taylor Greene critique Trump pour son refus d’ouvrir l’accès à ce dossiers et pour la hausse des coûts de la santé et de l’alimentation. Trump la traite de « farfelue » et de « honte pour le parti », mais d’autres républicains partagent ses exigences. La défiance de Greene pourrait annoncer une rupture plus profonde.1
Des promesses non tenues
Trump n’a jamais été majoritaire dans la population : seuls 42 % des Américains l’approuvent, contre 58 % qui le rejettent. Pour tenter de maintenir son emprise sur sa base, il promet désormais une allocation de 2 000 dollars pour chaque personne gagnant moins de 100 000 dollars par an, financé par les droits de douane. Mais cette mesure coûterait 300 milliards de dollars, alors que les droits de douane n’en ont rapporté que 175. Il avait déjà promis une aide similaire plus tôt dans l’année, au moment où Elon Musk et le département de l’efficacité gouvernementale coupaient des programmes publics — une somme qui n’a jamais été versée.
Trump en opposition à sa base
Trump paraît moins soucieux de transparence ou de pouvoir d’achat que lancé dans une double offensive : déployer les services d’immigration, des douanes et la Garde nationale dans des villes dirigées par des démocrates, et préparer une intervention au Venezuela. Si la base MAGA soutient la première option, elle risque de rejeter une guerre à l’étranger destinée à renverser un régime, à l’inverse des engagements de campagne de Trump.
Empêtré dans ses contradictions, Trump est en difficulté. Les regards se tournent désormais vers les élections de mi-mandat de novembre 2026 — chacunE se demandant si les démocrates pourront reprendre le contrôle de la Chambre des représentants et du Sénat.
Dan La Botz
- 1. Sous la pression de son propre camp, Donald Trump a annoncé, dimanche 16 novembre, soutenir un vote à la Chambre des représentants américaine pour la publication du dossier du délinquant sexuel Jeffrey Epstein, à laquelle il s’opposait jusque-là. (NDLR)