Fin de l’année 2023, et l’ancien président Donald Trump domine les médias comme il l’a fait au cours des huit dernières années. Deux États, le Colorado et le Maine, ont décidé que Trump ne pouvait pas figurer sur leur bulletin de vote parce qu’il s’est engagé dans une insurrection le 6 janvier 2020, ce qui le rend inéligible en vertu du 14e amendement à la Constitution des États-Unis.
Dans le même temps, deux autres États, le Michigan et le Minnesota, ont rejeté des positions fondées sur le même argument juridique fondamental et autorisent son nom à figurer sur les bulletins de vote de leur État. Et une quinzaine d’autres États sont également confrontés à des contestations similaires. Il semble donc inévitable que la question de l’éligibilité de Trump soit soumise à la Cour suprême des États-Unis.
Bataille juridique autour du 14e amendement
Le 14e amendement a été adopté en 1868, après la fin de la guerre civile américaine. L’article 3 visait à empêcher les anciennes personnalités politiques et militaires qui s’étaient engagées dans une insurrection ou une rébellion contre les États-Unis de se présenter aux élections si elles avaient auparavant prêté serment de respecter la Constitution fédérale. L’amendement a rarement été utilisé depuis, et jamais contre un candidat à la présidence.
Les avocats de Donald Trump soutiennent qu’il ne s’est pas engagé dans une insurrection, qu’il n’y a pas eu d’insurrection le 6 janvier 2021 et qu’il a exercé sa liberté d’expression lorsqu’il a appelé ses partisans à se rendre au capitole et à « se battre comme des diables ».
Les contestations de l’inscription de Trump sur les bulletins de vote des États proviennent de Républicains dissidents, de Démocrates et d’indépendants. Tous les rivaux républicains de Trump ont déclaré qu’ils s’opposaient à ce que son nom soit retiré des bulletins de vote, estimant que c’est aux électeurs de décider.
Risque de violences de la part des partisans de Trump
Le président Biden et d’autres démocrates de premier plan n’ont pas été directement impliqués dans ces contestations juridiques de l’éligibilité de Trump. Biden a déclaré qu’il fallait laisser les tribunaux décider. David Axelrod, ancien proche conseiller du président Barak Obama, a déclaré qu’il pensait qu’une décision d’exclure Trump du scrutin déchirerait le pays et que les Démocrates devaient s’efforcer de le battre lors de l’élection. La Cour suprême n’a pas encore fait part de son intention de traiter la question, mais elle devrait le faire avant le 5 mars, date du Super Tuesday (super mardi), où 16 États organiseront leurs élections primaires et choisiront environ un tiers de tous les déléguéEs aux conventions des partis. La décision de la Cour sur l’éligibilité de Trump déterminera probablement la question pour tous les États et pour les élections primaires et générales. Nombreux sont ceux qui pensent que la Cour conservatrice ne voudra pas le déclarer inéligible, car cela entraînerait une opposition généralisée, voire des violences, de la part de ses millions de partisans.
Rien n’est écrit
Tandis que ces coûteuses batailles juridiques se déroulent dans les États et se dirigent vers la Cour suprême, la gauche s’est impliquée dans le renouveau syndical et les grèves, dans le mouvement pour un cessez-le-feu à Gaza et dans le soutien aux résolutions des États visant à défendre le droit à l’avortement. La gauche est actuellement divisée entre trois positions. Tout d’abord, il y a celles et ceux qui soutiendront la campagne présidentielle de Joe Biden afin de battre Trump, mais leur nombre diminue en raison du soutien continu de Biden à Israël, qui réduit Gaza à des ruines et à un vaste cimetière, et aussi en raison de son virage à droite sur l’immigration, par lequel il cherche à refouler les candidatEs à l’asile. Ensuite, il y a celles et ceux qui soutiendront soit la candidate du parti vert Jill Stein, soit l’indépendant Cornel West. Enfin, celles et ceux qui détestent Trump, qui sont déçuEs et en colère contre Biden et qui ne voient aucun espoir dans les petits partis tiers, ne participeront tout simplement pas à cette élection.
Il semble que l’on se dirige vers une réédition de 2020 : Trump contre Biden. Pourtant, beaucoup de choses pourraient changer en cette nouvelle année 2024 sous l’impact des affaires judiciaires et des mouvements sociaux.