La semaine dernière, les États-Unis ont été confrontés au Covid, à la remise en cause du droit à l’avortement et à un meurtre de masse perpétré par un nationaliste blanc.
Nous avons d’abord appris qu’un million d’ÉtatsunienEs étaient morts du covid depuis le début de la pandémie en 2019, soit le nombre le plus élevé de tous les pays du monde. Le président Biden avait triomphalement déclaré le jour de l’indépendance, le 4 juillet 2021, que nous avions battu le covid. Mais ensuite, le variant Delta et d’autres sont arrivés, tuant 400 000 personnes supplémentaires. Maintenant, avec un million de morts, Biden a ordonné la mise en berne des drapeaux dans la capitale et dans les bâtiments fédéraux.
Des morts évitables
Les épidémiologistes ont suggéré que 300 000 de ces décès concernaient des populations qui avaient refusé le vaccin. Ils auraient pu être évités sans la désinformation diffusée par Fox News, les politiciens ou les réseaux sociaux. Les Républicains, qui ont été plus enclins à croire aux théories conspirationnistes sur la présence de micropuces dans le vaccin ou sur les décès causés par celui-ci, ont été à la fois plus nombreux à refuser la vaccination et sont morts à des taux plus élevés que les démocrates. Le covid a non seulement pris des vies et rendu des millions de personnes malades, mais il a également entraîné des fermetures d’entreprises qui ont provoqué une récession économique et des fermetures d’écoles qui ont retardé l’éducation de millions d’enfants. Une fois de plus, c’est le printemps et, tout en pleurant les morts, nous célébrons aussi le fait d’être à nouveau dans les rues – même si le covid se développe et qu’une autre vague est attendue à l’automne. Les éluEs républicains bloquent le vote des fonds supplémentaires qui seraient nécessaires pour que le système de santé puisse y répondre de manière appropriée.
Le droit à l’avortement sérieusement menacé
Le 2 mai 2022, la fuite d’un projet d’avis de la Cour suprême des États-Unis a fait état d’un vote à cinq contre quatre pour annuler l’arrêt Roe v. Wade, la décision de la Cour suprême de 1973 qui garantissait le droit des femmes à l’avortement. En réaction, samedi 14 mai, des dizaines de milliers de femmes ont rejoint 450 rassemblements et marches pour le droit à l’avortement dans les villes et villages des États-Unis. D’une part, les participantEs à ces rassemblements étaient furieuses et furieux contre la Cour suprême et d’autre part, comme me l’a dit une femme lors de notre marche à New York, ils et elles étaient ravis d’être avec tant d’autres femmes et hommes solidaires.
Si la Cour met fin au droit fédéral à l’avortement, la moitié des États interdiront l’IVG, et les Républicains ne lâchent rien. Mitch McConnell, leader républicain au Sénat, a ainsi laissé entendre que son parti ferait pression en faveur d’une loi fédérale interdisant les avortements partout aux États-Unis. Et après les élections de mi-mandat en novembre, le Parti républicain pourrait avoir les voix nécessaires pour faire passer une telle loi dans les deux chambres, bien qu’il ne puisse probablement pas passer outre un veto présidentiel de Biden. Si Donald Trump ou un autre Républicain est élu président en 2024, avec des majorités républicaines dans les deux chambres, le droit à l’avortement pourrait prendre fin pour les femmes américaines.
Tuerie de masse raciste
Alors que nous marchions ce samedi pour le droit à l’avortement, nous avons appris qu’un nationaliste blanc de 18 ans nommé Payton Gendron avait assassiné au moins 10 personnes – dont huit Noirs – et en avait blessé trois autres à Buffalo (État de New York). La police a arrêté le meurtrier de masse présumé qui avait écrit un manifeste de 180 pages dans lequel il accusait les Juifs de promouvoir l’immigration de non-Blancs, dans le cadre d’un remplacement mondial de la race blanche. Il exprimait également son admiration pour Dylan Roof, le néonazi qui a perpétré un meurtre de masse de neuf personnes noires dans une église de Charleston, en Caroline du Sud, en 2015, et pour Brenton Tarrant qui a tué 51 personnes dans un centre islamique à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, en 2019. Le manifeste de Gendron comprenait des plans pour aller de son domicile à Buffalo, la plus proche ville avec une importante population noire, et réaliser son attaque raciste. Il a diffusé en direct son attaque meurtrière sur la plateforme Twitch.
Nous pleurons les morts du covid, nous sommes en colère parce que les femmes perdent leur droit à l’avortement et nous craignons la violence raciste. Tout cela renvoie au climat politique de notre pays depuis des décennies. Et l’inflation accroit l’anxiété à propos de la situation économique. Le pays est divisé. Dans ces temps troubles, nous sommes avec celles et ceux qui défendent la science, croient en la démocratie et l’égalité et luttent pour le socialisme.
Traduction Henri Wilno