Publié le Jeudi 6 juin 2024 à 15h00.

Fête des libertés : unité contre la criminalisation de nos luttes

Samedi 8 juin à partir de 18 heures se tient à Paris une Fête des libertés. Une initiative festive et militante qui s’appuie sur la convergence entre différentes organisations contre ce pouvoir autoritaire et liberticide.

Le 20 avril dernier, notre camarade Olivier Besancenot s’exprimait sur le réseau social X pour proposer une réaction collective de l’ensemble de la gauche sociale et politique : « le sursaut ou la routine qui risque de nous engloutir ? » Des mots qui avaient alors rencontré un certain écho. Le moment était tendu, et de ce point de vue rien n’est réglé. Depuis en particulier la réélection de Macron, ce pouvoir est à l’offensive pour faire taire toutes les contestations, et ces derniers mois ont vu des actions militantes durement et violemment réprimées (Sainte-Soline en mars 2023), des organisations dissoutes (CCIF, GALE, CRI…) ou menacées de l’être (Les Soulèvements de la Terre), des militantEs traînés en justice suite à des actions écologiques (comme contre le cimentier Lafarge) ou en défense des services publics (par exemple les urgences de l’hôpital de Carhaix), des manifestations que le gouvernement a voulu interdire (comme la marche antiraciste du 21 avril dernier). Avec comme cristallisation de ce déchaînement autoritaire la multiplication des procédures pour « apologie du terrorisme » contre celles et ceux — organisations, personnalités et éluEs, anonymes — qui affichent leur solidarité avec la lutte du peuple palestinien pour ses droits. 

C’est ce qui a conduit des organisations syndicales (CGT, Solidaires, FSU, Syndicat de la magistrature, Syndicat des avocats de France, Union étudiante…), des associations (Attac, Ligue des droits de l’homme, Fondation Copernic…), des forces politiques (LFI, EÉLV, NPA-l’Anticapitaliste…) et différents collectifs à se réunir autour d’une tribune publiée par Mediapart fin avril « Contre une démocratie bâillonnée, défendons les libertés publiques »1.

« Faire front »

Pression de la situation, manque de confiance des organisations sur la capacité collective à prendre l’initiative, contexte de la campagne électorale européennes, le passage de l’écrit aux travaux pratiques reste difficile et en-deçà de la riposte nécessaire face aux intimidations, à la criminalisation et les menaces contre les libertés publiques. Pour autant, l’organisation de cette Fête des libertés, politique et festive, reste un premier pas modeste mais réel. 

C’est d’abord l’affirmation d’une convergence nécessaire, puisqu’elle se tiendra à l’issue d’une nouvelle manifestation qui devrait réunir par dizaines de milliers les ­manifestantEs solidaires des luttes des peuples palestiniens et kanak. C’est pourquoi lors du meeting de cette fête, Salah Hamouri et unE représentantE de Solidarité Kanaky prendront la parole, aux côtés de différents militantEs syndicaux, associatifs ou de collectifs, menacés par la répression.

Ensuite, place à la musique : le rappeur Mehrak et le chanteur Abo Gabi, tous deux Palestiniens, sans oublier la soprano Nadège Meden et même un DJ set pour terminer la soirée. Les organisations parties prenantes tiendront des stands.

Dans une situation où se mêlent des résistances enthousiasmantes (les manifestations de ces derniers jours) et des perspectives inquiétantes (la place prise par l’extrême droite sur le champ politique que les résultats du scrutin du 9 juin devraient confirmer), toutes les initiatives pour se rassembler sont précieuses : pour échanger et débattre, prendre confiance, développer les solidarités et construire les luttes nécessaires.