Publié le Samedi 12 juin 2010 à 13h35.

Homophobie : Chatel n’azur pas

La campagne mise en place pour faire connaître la ligne azur contre l’homophobie, n’est qu’un paravent pour faire oublier les multiples dérapages homophobes des élus de droite. Selon le ministère de l’Éducation, « lutter contre [l’homophobie] est un enjeu de citoyenneté, de réussite scolaire et de santé publique ». C’est en ce sens, sans doute, que Luc Chatel a annoncé en grande pompe la mise en place d’une campagne dans les établissements, à grand renfort d’affiches et de cartes mémo visant à faire connaître aux collégiens de quatrième et de troisième ainsi qu’aux lycéens le numéro de la ligne azur (www.ligneazur.org) qui informe, écoute et soutient les jeunes se posant des questions sur leur orientation sexuelle. L’initiative a de quoi séduire. En effet, les propos homophobes sont monnaie courante et participent à la violence en milieu scolaire. Verbale et physique, celle-ci conduit les personnes concernées à se taire par honte, par peur ou par culpabilité. Et il est à parier que ce n’est pas dans le cadre familial que les jeunes découvrant leur homosexualité pourront librement parler, se sentir écoutéEs et confortéEs dans leur choix. L’UMP serait-elle tout à coup devenue une fervente militante de la cause homosexuelle ?Cette campagne, lancée en mars, ne connaît que peu d’échos : les affiches ont été envoyées aux proviseurEs qui n’ont aucune obligation de les utiliser. Elles sont, de fait, invisibles dans la plupart des établissements quand elles ne sont pas reléguées dans les pôles médico-sociaux. Par cette mesurette, le gouvernement se drape d’éducation anti-discriminatoire : beau paravent pour faire oublier les propos homophobes de Vanneste, Boutin et consorts… Par ailleurs, Chatel avait lui-même refusé qu’un court-métrage intitulé le Baiser de la Lune soit diffusé à des élèves de CM1 et CM2 : le dessin animé, mettant en scène une gentille histoire d’amour entre deux poissons mâles, était sans doute trop subversif… L’État se repose sur l’intervention très partielle de quelques associations agréées par le ministère (SOS Homophobie, Contact…), qui, bien évidemment, ne suffit pas. Les jeunes LGBTI risquent beaucoup plus de tenter de se suicider que leurs camarades hétéros (de 5 à 14 fois plus selon les études), et il est avéré que ces risques accrus ne sont pas dus à l’orientation sexuelle en soi, mais au contexte socioculturel qui rejette et stigmatise les comportements sexuels dits « déviants ». Ce n’est qu’avec une politique ambitieuse de formation des adultes encadrants (enseignants, personnels de vie scolaire…) sur les questions de lutte contre les discriminations, et notamment les LGBTI-phobies, par des organismes professionnels que les élèves, au quotidien, pourraient lentement évoluer, et lutter contre le matraquage raciste, sexiste et homophobe de la société. Colin Cavarroc