En octobre 20121, les associations du « Grand St Barth’ », territoire qui réunit huit quartiers populaires du Nord de la ville, lançaient la première fronde médiatique contre l’année capitale « Marseille Provence 2013 - MP13 ».Dénonçant les « quartiers créatifs » qui visaient à valoriser les effets pervers des rénovations urbaines et la relégation des classes populaires hors des nouveaux centres urbains, les associations d’habitantEs remettaient leur propre richesse culturelle au cœur du débat. Quelques mois plus tard, les bénévoles du festival « Paroles de galère » renouaient des contacts pré-existants avec ces associations. Créé trois ans plus tôt à la Friche Belle de Mai, ancienne friche industrielle devenu le lieu culturel « bobo » de Marseille 2013, le festival cherchait à retrouver son projet initial de (re)donner la parole à ceux qui ne l’ont pas. Neuf mois de préparation pour programmer deux jours de fête où artistes du quartier, de Marseille et d’autres pays sont venus faire danser les festivaliers. Deux jours de débats également sous le thème des 30 ans de la Marche pour l’égalité. MilitantEs d’extrême gauche ou des quartiers populaires, « simples » MarseillaisE, sociologues, ont pu venir débattre des perspectives à donner pour une alliance des quartiers populaires et de la classe ouvrière « traditionnelle ». « Paroles de Galère » a ainsi réuni un peu plus d’un millier de festivaliers.Construire de nouvelles pratiquesLe bilan, qui sera fait dans quelques jours lors d’une réunion publique ouverte à touTEs, ne sera pas unanimiste et tant mieux ! L’ouverture prévue le vendredi soir a dû être annulée, suite à la mort d’un jeune dans la cité voisine des Flamants, replaçant ainsi le festival à son humble place dans des territoires où la violence fait parfois norme. Déserté depuis une décennie par la vie associative, le quartier de Picon a été bousculé par cette arrivée soudaine de « cultureux ». Communication qui mériterait d’être plus poussée ou manque d’informations quant à l’indépendance vis à vis des institutions, quelques « hics » ont été relevés... Alors que MP13 apparaît à juste titre comme un projet pour les bobos et que l’alternative culturelle peine à être connue hors du centre ville, les « gauchos » de Paroles de Galère doivent encore prouver leur volonté de construire de nouvelles pratiques. Toutefois pas de quoi gâcher une fête à laquelle ont participé en nombre les habitantEs et où plusieurs dizaines d’entre eux sont venus filer un coup de main, déjà convaincus en amont ou motivés dans la pratique. Une nouvelle édition du festival pourrait donc voir le jour. Le projet de cette nouvelle formule du festival continue donc à se construire, enrichi des critiques. « Paroles de galère » aura cette année retrouvé sa place, celle d’un creuset culturel populaire, d’un espace d’échange de pratiques et de trajectoires sociales différentes, unies par une volonté commune de débattre et de faire la fête, de trouver un nouveau chemin pour les luttes collectives et ça, MP13 ne pourra jamais nous le voler !Kevin Vay1. Cf. Tout est à nous ! n°183
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