Publié le Vendredi 29 avril 2022 à 13h00.

Répression : Florian n’est plus en prison et la lutte continue

Le 5 avril, après 15 mois de détention provisoire, 15 mois à l’isolement (une forme de torture blanche), après 37 jours de grève de la faim, après avoir perdu 16 kg, après avoir été hospitalisé au vu de la dégradation de son état de santé et du pronostic vital engagé, Libre Flot a enfin été libéré, sous contrôle judiciaire. Il a donc décidé de mettre un terme à sa grève de la faim. Il est actuellement accueilli dans un service hospitalier spécialisé en renutrition.

Le 5 avril, c’était quelques jours avant le 1er tour de l’élection présidentielle, le lendemain de son anniversaire et de la journée de mobilisation pendant laquelle plusieurs rassemblements ont eu lieu pour le soutenir. Pour autant, si Florian est libre, l’affaire est toujours en cours et il devra porter un bracelet électronique dès sa sortie de l’hôpital. Il sera toujours sous l’emprise de la justice.

Criminalisation des militantEs

L’affaire est politique. Elle vise à criminaliser les militantEs de gauche qui ont combattu au Rojava, en soutien aux Kurdes contre Daesh. Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, il n’y a plus de présomption d’innocence mais au contraire une présomption de culpabilité. « L’association de malfaiteurs terroristes » permet d’appliquer à des militantEs des mesures hors du droit usuel, un régime d’exception : stigmatisation, impossibilité pour la défense d’accéder à tout le dossier, statut de détenuE particulièrement surveilléE et ce qui va avec (les fouilles, l’impossibilité de travailler…).

Un régime d’exception

L’association de malfaiteurs nous renvoie aux lois scélérates des années 1880. Depuis, cette qualification a permis la répression des anarchistes, puis des groupes d’extrême gauche dans les années 1970, des groupes autonomistes, indépendantistes, des militantEs de gauche... Aujourd’hui cela va de l’affaire Tarnac aux comparutions immédiates par exemple des Gilets jaunes, de la garde à vue qui empêche des militantEs d’accéder à une manifestation, à la détention provisoire de 15 mois de Libre Flot. Combien de temps la détention et l’isolement auraient-ils perduré si la vie de Libre Flot n’avait pas été en danger ? Mais ce régime d’exception devient de moins en moins exceptionnel, de plus en plus brutal, avec des lois de plus en plus répressives. Or, le contexte du 8 décembre 20201, le jour de l’interpellation violente des neuf personnes par la DGSI à travers la France, c’est les manifestations contre la loi sécurité globale, contre la loi séparatisme, contre les violences policières, la répression subie et l’intérêt de terroriser les militantEs.

La lutte continue

Les neuf sont libres maintenant, mais pour plusieurs d’entre elles et eux, sous contrôle judiciaire, l’action judiciaire est encore en cours et ils vont devoir se défendre. On peut donc encore rejoindre les comités de soutien aux inculpéEs du 8/122, participer aux actions, créer des actions, contribuer financièrement, parce que la lutte a un coût, que la défense a un coût. Des concerts de soutien sont à venir, par exemple à Rennes samedi 30 avril. On peut aussi se rapprocher du réseau d’entraide Vérité et justice3, de l’Envolée4. Prochaine échéance, le 29 mai, journée nationale contre les violences pénitentiaires, à l’initiative du collectif Idir Espoir et Solidarité et soutenue par le Réseau national d’entraide vérité et justice.