Agnès Saal, directrice général de l’audiovisuel (INA), a défrayé la chronique avec sa note de taxi de plus de 40 000 euros en 10 mois. Cette somme comprend non seulement ses déplacements privés mais 6 700 euros sont aussi imputables à son fils à qui elle avait communiqué son numéro de réservation... Pourquoi se gêner ? Mathieu Gallet, le prédécesseur d’Agnès Saal, est, lui, un maniaque la rénovation luxueuse des bureaux (d’abord à l’INA, puis à Radio-France) et a dépensé des centaines de milliers d’euros en prestation de consultants et en rémunération d’un conseiller en image.
Ils sont en fait nombreux les dirigeants d’entreprises publiques, les hauts fonctionnaires, faisant des aller-retour entre privé et public, à ne pas oublier leur confort immédiat ou leur avenir. Un cas significatif : Jean Peyrelevade, « socialiste » tendance Valls. En 2001, cet ancien haut fonctionnaire, propulsé à la tête du Crédit lyonnais de 1993 à 2003, avait fait mettre en place un système de retraite particulier pour le président de la banque, lui, et son directeur général. La banque garantissait à Jean Peyrelevade une pension maximale équivalente à 75 % de la moyenne de ses deux derniers salaires, soit une rente viagère de 3,2 millions de francs par an dès sa retraite.Parmi les ex-fonctionnaires, Stéphane Richard, l’actuel PDG d’Orange, qui lors d’un de ses passages antérieurs dans le privé (avant de revenir au ministère des Finances de 2007 à 2009) avait gagné tellement d’argent que ça avait même impressionné Nicolas Sarkozy, qui l’a décoré de la Légion d’honneur en 2006 en lui adressant ce cri du cœur : « Tu es riche, tu as une belle maison, tu as fait fortune... Peut-être y parviendrai-je moi-même »... Moins flamboyants, les conseillers de ministre, nommés d’un seul coup préfet... et qui ne verront probablement jamais une préfecture, comme Yves Colmou, le conseiller spécial de Valls.
Ces exemples semblent disparates : ils le sont. Pour la plupart, eux et leurs semblables ne commettent pas d’illégalités. Mais ils profitent du système, en cadres fidèle d’un État au service du capital. D’un État à chambouler complètement en s’inspirant des bonnes vieilles recettes de la Commune de Paris.