Publié le Mardi 11 novembre 2025 à 12h12.

Quelles actualités et perspectives des mobilisations antifascistes ?

Les mobilisations antifascistes existent, mais sont localisées et variées, et peinent à s’articuler.

Plus d’un an après la création du NFP (Nouveau Front populaire) et la campagne antifasciste qui a suivi, et à presque six mois de la dissolution de la Jeune Garde, l’Assemblée nationale adopte pour la première fois un texte (non contraignant) du RN, avec la résolution du 30 octobre remettant en cause l’accord franco-algérien de 1968. 

Contre l’écosystème Stérin

Stérin et les filiales de son projet PÉRICLÈS font en tout cas l’objet du plus grand nombre d’initiatives. En Euskadi, des militantEs occupent brièvement le balcon de sa villa pour dénoncer la spéculation sur sa revente. Un symbole devant son manque de liquidités pour maintenir à flot Otium Capital, son fonds d’investissement personnel. Mais il en faudra plus pour mettre à bas son « écosystème ». Une intersyndicale a lancé la campagne « Bloquons les Nuits du Bien commun », avec une grève des intermittentEs à Aix, début octobre. Les éditions de Nantes et d’Angers ont fait l’objet de contre-manifestations. Ses velléités dans l’éducation sont aussi dénoncées, comme dans le Loir-et-Cher contre l’Académie Saint-Louis ou à Étang-sur-Arroux contre le Cours Vauban, sans que les rectorats concernés ne s’y opposent. Ses activités festives, via les repas du Canon français ou le label des Plus belles fêtes de France, subissent aussi quelques déconvenues. Ceci après des campagnes « d’outing » médiatique ou sur les réseaux sociaux.

Des contre-rassemblements

La tournée de Bardella pour promouvoir son dernier livre suscite des contre-rassemblements plus ou moins unitaires, comme à Bruay-la-Buissière, Nîmes ou Joigny, numériquement un peu plus faibles que les longues files d’attente de fidèles du FN. Une agression de hooligans faf à Brest mobilise un millier de personnes quelques jours après leur attaque. À Lorient, la groupusculaire « Digue » tente une apparition, interdite par la préfecture. Les antifascistes maintiennent leur mobilisation avec 200 contre-manifestantEs.

Ouvrir la focale du côté des États-Unis avec les mobilisations « NO KINGS » est utile. Le 18 octobre, 7 millions de personnes participaient à 700 rassemblements et manifestations, une mobilisation en hausse. Face aux outrances de Trump, le mouvement choisit l’humour et la dérision, avec de nombreux déguisements et des slogans ironiques. Cette tactique vise à renverser l’image des opposantEs à MAGA que tente de construire Trump, les présentant comme violents et haineux.

Un travail de fond

Les camarades de Lorient le disent : « Notre responsabilité aujourd’hui reste de fournir un travail de fond afin d’endiguer la montée des extrêmes droites et de leurs idées, [...] de façon large, unitaire et la plus massive possible. » La proposition anti-trumpiste d’apporter joie, créativité et humour ne constitue pas en soi une nouveauté. Cependant, elle permet de recréer des sociabilités, de contrecarrer le portrait répulsif construit par l’extrême droite et le pouvoir en place. Un autre enjeu est d’amener de nouvelles dynamiques collectives : dépasser la dénonciation qui suit l’agenda fascisant, donner un nouvel élan, réunir les cercles militantEs et les dépasser en rassemblant notre camp social. Nos propositions doivent casser les stéréotypes réactionnaires visant le mouvement antifasciste et ouvrir le champ des possibles. Les extrêmes droites, sans grande originalité, reprennent parfois nos modes d’action pour nous singer ou nous troller. À nous de donner le change pour les ramener dans les fossés de l’histoire.

La commission antifasciste