L’accès aux soins est de plus en plus difficile pour plus d’un quart de la population. Les obstacles sont géographiques, économiques et sociaux.
Selon UFC-Que choisir, l’accès aux soins a reculé en 4 ans pour plus de 30 millions de personnes. 23 % de la population a des difficultés à consulter un généraliste à moins de 30 minutes de sa commune. L’accès aux spécialistes est encore plus compliqué : 28 % de la population habite loin d’un ophtalmologiste, 30 % d’un gynécologue, 33 % d’un pédiatre. Si l’on ajoute à ce critère géographique les raisons financières, 82 % des habitantEs rencontrent des difficultés pour consulter un gynécologue qui ne demande pas de dépassements d’honoraires, 83 % pour un ophtalmologiste. Les contrats d’accès aux soins (CAS) créés en 2013 et censés limiter les dépassements de tarif des médecins en honoraire libre (secteur 2) ont été un échec : en contrepartie d’un engagement à limiter les dépassements d’honoraires, les signataires ont bénéficié d’une prise en charge de leurs cotisations sociales, en moyenne 5 500 euros par an. Ces CAS auront permis d’éviter 59 millions de dépassements, alors que les contreparties auront coûté à la Sécu 470 millions d’euros.
De son côté, la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) a fait connaître le 29 mars dernier les résultats d’une étude auprès d’assuréEs. 26 % ont renoncés aux soins, et 75 % invoquent des raisons financières, notamment pour les soins dentaires. D’autres trouvent le système de protection maladie et de soins trop complexe. Pour lutter contre cette situation, la CNAM a proposé « un accompagnement du non-recours(…) aux personnes repérées afin qu’elles bénéficient d’un bilan de ses droits santé puis d’un suivi ». Un tiers des dossiers aboutissent. Ces dispositions sont totalement insuffisantes. Pour garantir un véritable droit à la santé, Philippe Poutou et le NPA proposent donc une politique de santé radicalement différente de celle appliquée depuis des dizaines d’années.
Un service public de santé !
Numerus clausus pour les études médicales, de chirurgie dentaire, paramédicales ; liberté d’installation des professionnels de santé libéraux ; liberté tarifaire des médecins optant pour le secteur 2 ; dépassement d’honoraires pour un grand nombre d’actes de soins dentaires ; refus de généraliser le tiers payant ; fermeture des hôpitaux de proximité et de services ailleurs... Il faut rompre avec le libéralisme médical qui ne permet pas le droit à la santé pour tous et toutes.
Pour cela, nous voulons supprimer le numerus clausus et mettre fin à la pénurie de professionnels de santé. Nous voulons que les études soient rémunérées par un présalaire dès les premières années, et en contrepartie que les professionnels ainsi formés soient affectés au début de leur exercice là où c’est nécessaire. Un service public de santé devra développer la démocratie sanitaire afin de répondre aux besoins de la population en matière d’éducation à la santé, de prévention, de soins curatifs, et répondre aux aspirations des professionnels de santé à exercer leur activité dans de bonnes conditions. Il devra aussi agir sur les différents déterminants de santé (conditions de travail et de vie, pollution, alimentation…). Les centres publics de santé, pluridisciplinaires, seront en lien avec des hôpitaux de proximité et les centres hospitaliers disposant de plateaux spécialisés. Le paiement à l’acte sera aboli et les modalités de rémunération (salariat, capitation) négociées. Et, élément décisif pour le droit à la santé, tous les soins, médicaments et appareils médicaux prescrits et utiles, seront gratuits et dispensés sans avance de frais.
S. Bernard