Le 31 août, Élisabeth Borne a annoncé au CHU de Rouen les mesures censées répondre à la crise de l’hôpital. Une crise qui n’a fait que s’aggraver au cours de l’été. En dépit du déni d’Aurélien Rousseau, le nouveau ministre de la Santé, les faits sont là : l’été 2023 a été encore pire que celui de l’année précédente.
Selon l’enquête de Samu Urgences de France près d’un service d’urgences sur deux a fermé au moins une fois en juillet-août. Urgences fermées la nuit ou plusieurs jours de suite, refus d’admission autres que par le 15, les prises en charge dégradées deviennent l’habitude.
Même les urgences vitales traitées par les équipes SMUR envoyées sur le terrain ont été mises en cause. 70 % d’entre elles n’ont pu fonctionner en continu, avec pour conséquences de graves « pertes de chance » pour les personnes à secourir.
Des mesures hypocrites
Dans tous les services hospitaliers, les personnels sont à bout et moins que jamais entendus. Les assistants de régulation médicales des SAMU, épuisés, ont poursuivi leur grève pendant tout l’été sans résultat. Le malaise est dans tout l’hôpital : conditions de travail insupportables, rémunérations insuffisantes. L’hémorragie de personnel se poursuit.
Les annonces de Borne du 31 août sur la « revalorisation du travail de nuit » pour les aides-soignantEs, les infirmierEs et les médecins ne sont en rien à la hauteur de la situation. Il ne s’agit, pour plus de la moitié, que de la pérennisation de mesures déjà appliquées. Les EHPAD et les sages-femmes ne sont pas concernées. Enfin, tout laisse prévoir qu’elles ne seront pas financées intégralement. Pour les payer, les directeurs d’hôpitaux préviennent qu’il leur faudra alors réduire encore leurs effectifs.
On est très loin de ce qui permettrait d’endiguer la fuite des personnels : une revalorisation forte des rémunérations pour toutes et tous, une politique de recrutements massifs et de formation, des budgets en conséquence, pour créer à nouveau des conditions de travail acceptables et conserver son sens au travail.
Nouveau tour de vis annoncé sur le budget de la sécu
Comment peut-il en être autrement, alors que Lemaire et Borne ont d’ores et déjà prévenu : le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2024, qui fixe les plafonds de dépenses de santé va marquer un nouveau tour de vis : nouvelles restrictions sur les budgets hospitaliers, doublement des franchises médicales de 50 centimes d’euros, quatrième jour de carence sur le remboursement des arrêts de maladie, transfert des dépenses vers les complémentaires santé́ dont les prix vont encore exploser.
Comme l’affirment la cinquantaine d’organisations à l’initiative du Tour de France de la santé qui commence cette semaine, c’est bien un « carton rouge » qui doit être attribué à Macron, Borne et Rousseau pour la destruction du système de santé qu’ils poursuivent et qui doit rencontrer une riposte unitaire à la hauteur de l’attaque.