Le « Ségur » de la santé, qui s’est ouvert le 25 mai, est l’occasion de discuter de tout… sauf des revendications des personnels hospitaliers.Avec le recul, au moins temporaire, de l’épidémie, finies les envolées sur le « jour d’après ». L’heure est à reprendre le travail au plus vite, à « faire des efforts » en acceptant baisses de salaires, aggravation des conditions de travail et remise en cause des droits sociaux pour « sauver des emplois ». Tel était le message de Macron dans son allocution du 14 juin. Un message qui vaut aussi pour la santé…
Le « Ségur » n’est qu’une mascarade
Le moment est venu pour le pouvoir de tourner la page des « héros » hospitaliers qu’il fallait encourager tant qu’ils devaient aller « au front », sans moyens ni protections. Ayant compris qu’il ne suffirait pas d’une prime, d’une médaille et d’un défilé le 14 Juillet pour calmer la colère ni faire disparaitre les exigences sur la santé et l’hôpital dont s’est emparée toute la société, le pouvoir tente de les canaliser pour gagner du temps. Telle est la fonction du « Ségur de la santé » qui s’est ouvert le 25 mai.
Après quatre semaines de « concertation » sous la houlette de l’ancienne secrétaire de la CFDT Nicole Notat, le bilan est sans équivoque : le « Ségur » n’est qu’une mascarade.
La « négociatrice » n’a rien à négocier. Aucune discussion réelle n’a lieu dans des « ateliers » de dizaines de participants réunis par vidéoconférence, où chacunE ne peut s’exprimer que quelques minutes.
Quant à la deuxième réunion « plénière » censée faire un point d’étape, elle a été annulée pour être remplacée par une discussion sur… l’informatique.Il est question de tout dans cette « concertation », sauf des revendications portées par les luttes hospitalières depuis des mois, à commencer par la principale : la formation et le recrutement sur des postes pérennes et correctement rémunérés des dizaines de milliers de salariéEs qui manquent dans les hôpitaux.
Il n’est pas davantage question de remettre en cause l’hôpital-entreprise soumettant les soins à des exigences de rentabilité et de productivité, le seul objectif du ministère étant de faire davantage cautionner la gestion de l’austérité par les médecins.
Aucun moyen supplémentaire pour l’hôpital en souffrance
Continuant sur la lancée du projet de Macron « Ma santé 2022 », le pouvoir n’entend nullement donner des moyens supplémentaires à l’hôpital, mais en réduire la place, alors même qu’il vient de prouver son rôle irremplaçable, dans l’épreuve de l’épidémie.
Quant à la question des rémunérations, la seule sur laquelle semblait s’engager le pouvoir, aucune avancée réelle pour une revalorisation des carrières hospitalières n’a été présentée.
Par contre le ministère semble très soucieux d’accompagner les quelques avancées sur les salaires, de compensations sur l’assouplissement des 35 heures. Pour « gagner plus », il faudrait « travailler plus », voire cumuler plusieurs emplois. Des « solutions » aux allures de provocations pour un personnel épuisé, chez qui les situations de « burn out » explosent.
Si cette mascarade se prolonge, c’est qu’hélas les directions des principales fédérations syndicales continuent d’y jouer leur rôle de figurantEs impuissants. Seule la fédération Sud santé sociaux a pour l’instant décidé de quitter la table.
Après la journée du 16 juin, il est pourtant évident que les revendications des hospitalierEs ne trouveront pas de réponse dans les salons et dans les vidéoconférences du Ségur, mais dans un rapport de forces créé par la grève dans les établissements et par la mobilisation dans la rue.