Le gouvernement prévoit de faire payer aux couches populaires le déficit de l’Etat, rendu colossal par sa politique de renflouement des banques et de soutien aux trusts.
Alors qu’on parle de « reprise » dans tous les médias, le gouvernement affiche son autosatisfaction. Comme Sarkozy fin juin, le ministre chargé du plan de relance, Patrick Devedjian, a vanté, le 26 août, le bilan de ce plan, conforté par les éloges du FMI et de son directeur général, Dominique Strauss-Kahn. Ils prétendent avoir sauvé des dizaines de milliers d’emplois en passant sous silence la catastrophe sociale des plans de licenciements.
Même intox en ce qui concerne le déficit de l’Etat. Début juillet, l’Insee indiquait qu’il avait augmenté de 86,6 milliards d’euros sur les trois premiers mois de l’année, soit de près d’un milliard par jour. Cela n’a pas empêché le gouvernement de se montrer satisfait. Il ne prend d’ailleurs pas en compte dans ce déficit les 33,7 milliards que l’Etat, par le biais de la Société de financement de l’économie française (Sfef), a prêtés aux banques. Mi-août, le ministre du Budget, Eric Woerth, indiquait que le déficit de l’Etat pourrait atteindre 130 milliards d’euros à la fin 2009, voire 150. Il distingue un déficit « hors crise » qu’il estime à 40 milliards d’euros en 2009 et un déficit « directement imputable à la crise » qui atteindrait 85 milliards d’euros. Ces 85 milliards représentent l’argent versé par l’Etat aux banques et aux trusts, de l’automobile en particulier.
Les autorités européennes et la Cour des comptes s’alarment de ce triplement du déficit habituel, évoquant même un « risque pour la signature de l’Etat », c’est-à-dire la difficulté, voire l’impossibilité pour l’Etat d’emprunter sur les marchés financiers à des taux très élevés. Un risque, autrement dit, de faillite de l’Etat. Il s’agit d’inciter le gouvernement à prendre des mesures d’austérité beaucoup plus lourdes que celles qu’il envisage de prendre jusqu’aux élections régionales, en priant le ciel que la crise ne connaisse pas un nouvel approfondissement.
C’est aux couches populaires que Sarkozy et ses ministres veulent faire payer ce déficit. Par les suppressions de postes dans la Fonction publique et par la taxe carbone, même si celle-ci, envisagée au départ à 32 euros par tonne de CO2 dans le rapport de Michel Rocard, tournerait maintenant autour des 15 euros.
Il n’est plus question, comme cela avait été envisagé timidement par deux députés de l’UMP, de toucher aux niches fiscales, qui représentent 70 milliards d’euros de manque à gagner pour l’Etat. Le secrétaire général de l’UMP, Xavier Bertrand, a poussé le cynisme jusqu’à organiser une cérémonie de commémoration des deux ans de la loi Tepa. Son « paquet fiscal » a permis à près de 19 000 personnes parmi les plus fortunées du pays de recevoir en moyenne du fisc 30 593 euros. Les 1 000 plus riches ont reçu en moyenne plus de 337 000 euros. Les cent plus riches, 154 millions d’euros.
Galia Trépère