Publié le Vendredi 19 décembre 2014 à 07h26.

Élections dans la fonction publique : le minimum syndical...

Pour la première fois, l’ensemble des agentEs de la fonction publique (État, territoriale et hospitalière) étaient appelés à voter le 4 décembre dernier pour désigner pour quatre ans leurs représentants syndicaux au sein des différentes instances. Même si le paysage syndical reste inchangé, les organisations syndicales « de luttes », en particulier la CGT, baissent, tandis que celles plus promptes à tout négocier progressent...

Pour les 5,45 millions de fonctionnaires des fonctions publiques, cette élection constituait un enjeu majeur dans ce contexte de politique d’austérité, de suppressions massives d’emplois, mais aussi d’atonie syndicale. Par rapport à 2011, le taux de participation est en baisse : 52,8 % en 2014 au lieu de 54,6 % en 2011. Une baisse sans doute due pour partie aux procédures de vote électronique, très complexes, qui se sont déroulées dans certains secteurs comme à l’Éducation nationale ou La Poste.Mais cette abstention semble également traduire un désintérêt croissant vis-à-vis de la vie syndicale dans la fonction publique et sans aucun doute des questionnements sur la capacité de stopper les attaques du gouvernement.

La CGT recule...Bien que demeurant la première organisation syndicale de la fonction publique avec 23,1 % , la CGT baisse de façon généralisée. Elle perd au total 2,3 points et recule partout, parmi les agents de l’État (- 2,4 %), dans les hôpitaux (- 1,5 %) et en particulier dans la territoriale (- 3,5 %), un de ses plus gros bastions traditionnels.Certes, les révélations sur les dépenses effectuées pour le confort de Lepaon n’ont pas aidé les équipes CGT sur le terrain. Mais elles ne peuvent expliquer à elles seules un recul généralisé, comme c’est le cas chez les cheminots, à Orange ou encore à EDF et GDF. Sans doute, l’orientation de la CGT suivie en particulier ces dernières années (TCE, formation professionnelle...) et son absence de prises d’initiatives contre les mesures du gouvernement et du Medef ont également été sanctionné à travers ces élections.

… Au profit de FO et de l’UNSALe recul de la CGT profite à FO qui, avec 18,6 % des voix, gagne un demi-point et à l’UNSA qui, avec 10,3 % des voix, gagne un point. FO progresse partout, sauf dans la police où elle est devancée par le syndicat Alliance... En particulier, Force ouvrière confirme sa première place dans la fonction publique d’État, profitant du net recul de la FSU dans l’Éducation nationale (- 5 points) qui paye ainsi sa politique par rapport aux rythmes scolaires et son manque de combativité contre ce gouvernement.La CFDT stagne, ainsi que Solidaires qui renforce son implantation aux finances publiques mais obtient de mauvais résultats par exemple à La Poste.Et dans certains secteurs, on assiste même à la montée d’organisations syndicales corporatistes et classées à droite, comme le SNALC dans l’Éducation nationale et la FGAF dans la fonction publique d’État et la territoriale.

Des résultats en guise d’alerteAu final, le paysage syndical n’a pas fondamentalement changé suite à ces élections. Pourtant, même si l’analyse doit être sans aucun doute affinée secteur par secteur, les grandes lignes peuvent inquiéter et devraient faire réfléchir les directions syndicales, en particulier du côté de la CGT...Ces derniers mois, le mouvement syndical dit « de luttes » n’a pas été à la hauteur des enjeux de la situation et des attaques menées par ce gouvernement, c’est le moins que l’on puisse dire... Pourtant les mobilisations sociales de ces derniers jours en Italie et en Belgique montrent qu’il est possible de construire de larges mouvements contre les politiques d’austérité et leurs néfastes conséquences. La loi Macron qui attaque l’ensemble des droits des salariéEs en serait une bonne occasion. Chiche ?

Sandra Demarcq