En visite hier à l’institut Pasteur, Macron a annoncé des moyens supplémentaires pour la recherche en expliquant : « La crise du CoVid-19 nous rappelle le caractère vital de la recherche scientifique et la nécessité d'investir massivement pour le long terme ». Une opération de communication qui masque mal un projet délétère pour l’ESR en général et la recherche en particulier.
Changement… dans la continuité
Revenons d’abord sur cette annonce. En premier lieu, les chiffres : 5 milliards sur 10 ans pour la recherche, qui seront fléchés vers des appels à projet (AAP) de type ANR (Agence nationale de la recherche) et des postes précaires supplémentaires créés par la nouvelle Loi de Programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR).
Cette crise n’a donc, en réalité, absolument pas changé la vision de la recherche du gouvernement. Il reste convaincu d’augmenter la part d’AAP et de diminuer le nombre de postes titulaires, à l’encontre de toutes les demandes de la communauté scientifique. Le gouvernement propose donc une petite augmentation du budget de l’ANR qui répartira l’argent vers les sujets de recherche en vogue, amenant l’obligation de fonctionner sur le court terme pour conserver les financements. C’est exactement la même politique que celle menée depuis des années et qui nous a conduits à la situation actuelle. C’est exactement le contenu du projet de loi LPPR que les facs et labos en lutte combattent depuis des mois.
On ne peut s’empêcher de renvoyer, à ce titre, vers la tribune de Bruno Canard, directeur de recherche travaillant sur les virus à ARN : « La science ne marche pas dans l’urgence ! »1 . L’expérience de la gestion politique de la crise du SRAS-CoV en 2003 montre bien que l’augmentation temporaire des budgets des AAP ne permet pas de répondre intelligemment aux problèmes posés. Dès 2006, les budgets alloués aux recherches sur les coronavirus ont chuté car ils n’étaient plus « tendance ». Les mêmes actions vont amener les mêmes effets !
Du fric pour la recherche publique !
Dans le cadre de la mobilisation des facs et labos en lutte, nous revendiquons 10 milliards, immédiatement et dans les trois années à venir. L’objectif est simplement d’arriver à 1% du PIB dédié à la recherche publique : cet argent servira pour un plan de titularisation massif des précaires, une campagne d’ouverture de postes de fonctionnaires titulaires et des financements pérennes.
C’est de cela dont nous avons besoin pour pouvoir mener une recherche de qualité, et qui pourra permettre d’être en avance lors des crises…