Ayant lieu tous les quatre ans, simultanément dans l’ensemble de la fonction publique (d’État, territoriale et hospitalière), ces élections professionnelles sont un moment important de la démocratie ouvrière.
Premier enseignement important, la baisse de la participation s’accentue, avec 300 000 votantEs en moins, soit un recul de 6 % de la participation. Celle-ci est ainsi passée de 54,6 % en 2011 à 43,7 % cette année, après s’être établie à 49,8 % en 2018.
C’est inquiétant car au-delà des problèmes non négligeables liés aux conditions d’organisation (vote électronique défaillant dans certains secteurs), ce résultat témoigne d’un éloignement croissant des salariéEs vis-à-vis des syndicats. La quasi-totalité des syndicats perdent des voix (en particulier la CGT, la CFDT et Solidaires). Même ceux qui progressent en pourcentage (FSU et FO) en perdent mais moins. Le gouvernement fait tout pour affaiblir les syndicats et les décrédibiliser (diminution du nombre d’éluEs, instances vidées de leur substance, vote électronique…), et jusqu’à présent les syndicats n’ont pas encore trouvé la parade.
CGT, CFDT, FSU, Solidaires perdent des voix
Pour la CGT, c’est un échec. Après avoir perdu la première place comme organisation syndicale face à la CFDT, elle avait fait de cette élection un enjeu important pour reprendre la main. La CGT reste première dans la fonction publique avec 20,9 % mais force est de constater que l’érosion se poursuit, avec un recul de 1 %, soit 80 000 électeurEs en moins. La CFDT accroit son avance en reculant moins, seulement une baisse de 0,4 %. La CGT est en recul dans les 3 versants de la fonction publique, en particulier dans la fonction publique d’État où en dix ans elle perd près de la moitié de ses voix (de 15,8 % en 2011 à 10,9 % en 2022), malgré une progression de 1 500 voix dans l’éducation nationale qui ne compense pas les pertes.
La FSU progresse légèrement en pourcentage mais perd des voix, en particulier dans son bastion de l’éducation nationale avec 6 000 voix de moins. Elle remonte dans l’enseignement supérieur où elle perd moins de voix que la CGT (– 5 800 voix) et l’UNSA (– 20 000 voix), dans un ministère où la participation s’effondre (passant de 30,5 % à 19,2 %).
Solidaires est également en recul, perdant encore 0,6 % après avoir perdu 0,4 % en 2018. C’est une perte de 30 000 voix par rapport à 2014. Solidaires recule en particulier dans ses bastions que sont la Poste et Orange, ainsi que les Finances publiques (où elle conserve encore la première place).
Reconstruire un syndicalisme de lutte
À noter que dans le secteur hospitalier, qui a connu de nombreuses luttes ces dernières années, les syndicats les plus combatifs reculent. La CGT et Sud santé avaient refusé de soutenir le Grenelle et ses maigres avancés alors que FO l’avait signé. Et c’est FO qui en bénéficie électoralement en progressant de près de 2 % dans la fonction publique hospitalière. Cela permet finalement à FO, signataire du Grenelle de la santé, de passer deuxième dans la fonction publique (18,7 %) devançant de 0,1 % la CFDT.
Globalement, ces résultats doivent alerter les militants syndicaux. En plus de l’érosion des voix, on assiste à une fragmentation grandissante du champ syndical dans la fonction publique. La CGT n’est plus hégémonique tandis qu’aucune alternative n’émerge. Plus que jamais, la question de l’unité syndicale va être un enjeu pour reconstruire un syndicalisme de lutte, en particulier avec les échéances immédiates de bataille contre la réforme des retraites.