La municipalité de gauche d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) a approuvé deux énormes projets qui vont à l’encontre d’un développement urbain harmonieux, écologique et responsable. Ivry-sur-Seine est gérée par le PCF depuis qu’il existe, ou presque. Son maire est le dernier député PCF du Val-de-Marne. La désertification industrielle a transformé Ivry, jadis commune industrielle, en une vaste réserve foncière et la grande proximité de Paris aiguise désormais l’appétit des promoteurs. La politique gouvernementale ferme beaucoup d’activités et même des hôpitaux (déjà Jean-Rostand, demain Charles-Foix1) : on « libère » des terrains qui deviennent un pactole. La municipalité PC-PS-Verts-Radicaux-LO cherche à maintenir les réelles politiques sociales et de logement qui existent depuis des décennies mais subit l’attrait des nouvelles activités tertiaires, d’une remontée rapide de la population et de l’augmentation des ressources fiscales qui s’ensuit. Au conseil municipal, le thème dominant est celui de la « bonne gestion », mais le contenu social de cette gestion revient constamment en débat : céder à l’ivresse des projets fonciers, c’est chasser à terme les familles populaires, reléguées toujours plus loin de la capitale. Les logements et avantages sociaux intéressent tout autant les nouvelles couches de cadres et de « bobo ». La fuite en avant municipale s’est illustrée en février puis en avril. D’un côté, la proposition d’approuver un projet de la ville de Paris : rajouter en bordure d’Ivry, entre boulevard extérieur et périphérique, entre Seine et voies ferrées, près de 500 000 m2 comprenant quatre tours allant jusqu’à 180 mètres de hauteur (environ 50 étages), destinées uniquement à des bureaux et des activités (hôtels, restaurants…). Ces tours s’aligneront avec celles du treizième arrondissement de Paris et celles prévues juste de l’autre côté de la Seine, entre Bercy et Charenton. Le bilan énergétique et environnemental de tels édifices est désastreux ; leur durée de vie est faible ; elles attireront un flot de voitures supplémentaires dans un secteur déjà coupé par l’autoroute A4, les voies des gares de Lyon et d’Austerlitz et le périphérique. Ce dernier passe ici très en hauteur et ne sera pas couvert, restant donc très polluant, mais le projet place juste en dessous 1 500 logements en barres de quinze étages, visiblement destinés aux Parisiens les plus pauvres, et trois équipements scolaires. Or, à moins d’une cinquantaine de mètres de là, la municipalité d’Ivry propose la reconstruction, en plus grand, d’une usine régionale d’incinération des ordures. Ce super incinérateur brûlerait des déchets concentrés, par exemple des plastiques venus de toute la région. Pour rentabiliser cette énorme installation, on lui fera produire du chauffage urbain, donc en brûlant un maximum d’ordures que des centaines de camions amèneront quotidiennement, ce qu’on baptise alors, sans rire, « énergie renouvelable », avec l’appui des industriels du chauffage. Il existe même un projet de collecte « pneumatique » dans les nouveaux quartiers, une sorte de gigantesque vide-ordures horizontal... Quelle société dessine-t-on avec un tel projet d’hyper densification ? Il faut dire la vérité à la population : ces projets sont mauvais ! Construire du logement social sous les autoroutes, c’est faire injure à ceux qu’on veut loger. Il faut récupérer les bons terrains, ceux justement où s’exerce la spéculation. Considérer les déchets comme des ressources est dangereux. C’est à la source qu’il faut les diminuer, dans les industries qui nous les imposent ; il faut en finir avec les équipements géants, assurer le maximum de recyclage et traiter au plus près de chaque territoire, dans des équipements plus modestes : cela contribuerait à rendre tout le monde responsable. L’unique conseiller NPA a donc voté contre les deux projets, avec les cinq élus verts, contre le reste de leur majorité municipale et contre la droite, évidemment consentante. Serge Aberdam,conseiller municipal NPA à IvryContact : ivry@npa94.org1. Lire article dans Tout est à nous ! n°50.