Affolement des patrons et des pouvoirs publics à l’approche de la rentrée : il manque des conducteurEs de bus et de car.
Les patrons parlaient d’un déficit de 8000 conducteurEs début d’août, et le gouvernement, « rassuriste », l’estime à 4000 à présent. Quoi qu’il en soit, prétendre développer les transports en commun sans réussir à résorber une pénurie de conducteurEs, ça a de quoi faire rire. Dans l’immédiat, des services sont menacés, notamment pour les transports scolaires, habituellement assurés par des « CPS » (contrats période scolaire) : des travailleurEs à temps partiel qui touchent moins de 1000 euros nets.
Foire aux idées douteuses
La situation n’est pourtant pas nouvelle. Et risque de s’aggraver, car la profession vieillit. Dans la prochaine décennie, il faudra remplacer la moitié des conducteurEs qui partiront en retraite. Une situation que les patrons connaissaient, sans que rien ne soit anticipé pour former la relève.
Alors pour faire face à la situation, ils y sont allés de leurs « bonnes idées », soutenus en la matière par les autorités publiques. Faire rouler les mécaniciens qui ont le permis ? C’est déjà le cas dans certaines boîtes, alors qu’il y a aussi une pénurie de ce côté-là. Rappeler les jeunes retraitéEs ? Ils constituent déjà la majorité des CPS… et mériteraient d’ailleurs de se reposer un peu. Décaler les horaires des écoles pour permettre aux conducteurEs de faire plusieurs tournées de ramassage ? Toujours la même logique du « travailler plus »… pour ne pas gagner assez. Verser une prime de parrainage aux salariéEs qui présentent à l’entreprise de potentielles recrues ? À condition, dans ce cas, de pousser la logique jusqu’au bout : si les conducteurEs deviennent responsables RH, alors que la direction prenne le volant !
Ne parlons pas trop vite, car les patrons sont manifestement prêts à tout… y compris à rouler eux-mêmes (pour ceux qui ont le permis !)
Tout ce qui est rare est cher
Prêts à tout en effet, sauf à régler un petit problème « d’attractivité ». Et c’est là un euphémisme en langage patronal. Dans le transport de voyageurEs, les conducteurEs travaillent le week-end et les horaires de travail sont décalés, avec des pics d’activité lors des heures de pointe. Les journées comprennent souvent des coupures peu ou pas payées. L’amplitude d’une journée de travail peut donc atteindre 14 heures.
Pour prix de toutes ces contraintes qui pèsent sur la vie personnelle, un salaire brut de 1700 euros à l’embauche depuis la récente augmentation du minimum de branche. Surtout que les fiches de paie sont des vraies usines à gaz où la faiblesse du taux horaire est dissimulée par une forêt de primes et autres « éléments variables » dépendant directement de la pénibilité des services.
Toutes ces conditions se dégradent depuis quelques années, faisant se multiplier ces derniers temps les démissions et autres abandons de postes. Il est urgent d’imposer par la lutte des revendications que pourraient partager tous les conducteurEs : paiement intégral de toutes les coupures comptées comme du temps de travail, pas d’amplitude dépassant un certain seuil, intégration de toutes les primes au taux horaire et surtout augmentation générale des salaires. Des préoccupations qui concernent également les travailleurEs qui prennent le bus… quand il passe !