Les affrontements et les violences qui ont émaillé, lundi 13 mai autour de la place du Trocadero, la remise du trophée de ligue 1 au PSG ont fait couler beaucoup d'encre et de tweet. Sans grande surprise la droite en a profité pour entonner son lancinant discours sécuritaire et « anti-racaille », voire pire (voir le « no comment » de la semaine dernière), pendant que Marine Le Pen décrivait une capitale livrée aux hordes de barbares que les UMP et PS « s´évertuent à protéger par idéologie ». Le tout naturellement sur fond de pré-campagne municipale.À gauche on essayait de déployer un parapluie démagogique pour essayer de sauver le soldat Valls, dernier rempart de popularité du gouvernement, quitte à pratiquer un douteux amalgame entre supporters, hooligans, « casseurs » et « banlieusard » (« C’est la faute des voyous, des hooligans, des racailles, on les appelle comme on veut », pérorait Eduardo Rihan Cypel, député PS).
Que s'est-il passé ? Le nouveau PSG des Qataris a de l'ambition. Et besoin de se vendre à travers le monde. Pour cela, il lui fallait une belle image afin de célébrer ce premier championnat de France depuis 19 ans, avec si possible la tour Eiffel derrière, le symbole international de la capitale, alors que précédemment le club avait pris l'habitude de fêter ses succès dans sa « maison » du Parc. Préparer dans la hâte et accordé sans beaucoup de précaution par un préfet de police pour une fois extrêmement compréhensif en terme de manifestation sur la voie publique, le résultat constitua simplement un choc avec le réel.Les anciens membres du Virage Auteuil, chassés du stade par le Plan Leproux, sont venus une fois de plus revendiquer leur retour, et leur place légitime, dans les tribunes. Ils ont clairement allumé la mèche à coup de fumigène et de confrontation avec les services d'ordre du PSG, puis les CRS. Ils ont aussi rappelé aux nouveaux propriétaires du PSG qu'un club de foot ne se limite pas à un portefeuille de star et que la dimension populaire, et pas uniquement consumériste, du PSG existait avant eux. De plus, loin de se limiter à une « ville lumière », Paris possède aussi son ombre de misère et d'exclusion dans sa périphérie, et ils ne suffit pas d'arroser les associations péri-religieuses pour régler le problème. La pauvreté et l'exclusion contamine aussi les liens sociaux, et les agressions, dépouilles et casse, évidemment inacceptables, ne sont que le reflet atroce, certes minoritaire, de ce fossé que d'habitude on planque sous le tapis médiatique. Le foot se révèle depuis quelque temps un puissant révélateur des impensés de notre débat politique.
King Martov