Publié le Samedi 27 juillet 2013 à 11h03.

Recherche sur les embryons : hypocrisie et obscurantisme

L’Assemblée nationale a adopté, mardi 16 juillet, la loi autorisant de manière encadrée la recherche sur l’embryon. Soutenue par la majorité et le Front de gauche, elle a recueilli 314 votes pour, 223 votes contre, ceux de l'UDI et de l'UMP... Cette dernière a déclaré vouloir déposer un recours devant le Conseil constitutionnel. La loi met fin à l'interdiction officielle de la « recherche sur l’embryon » par la loi bioéthique de 2004. Celle-ci permettait cependant certaines dérogations, uniquement s'il n'existait pas d'autres moyens et si les découvertes potentielles étaient « susceptibles de permettre des progrès thérapeutiques majeurs ». L’agence de biomédecine était chargée de délivrer ces dérogations. Désormais, la loi autorise la recherche sur l'embryon humain et sur les cellules souches qui le constituent. Les embryons utilisés pour ces recherches sont obligatoirement issus d'une fécondation in vitro, sans transfert dans l'utérus maternel, et proviennent des fécondations effectuées à des fins d'assistance médicale à la procréation mais non utilisés. Ils sont conservés par congélation, et les parents biologiques doivent, chaque année, renouveler leur autorisation de procéder à des recherches sur ce matériel génétique.

Retour à la normaleDe ce point de vue, la loi ne change rien, mais « avec le nouveau texte, on va passer d’un système de transgression à un système normal d’autorisation encadrée », selon les propos de Marc Peschanski, directeur scientifique de l’Institut des cellules souches pour le traitement et l’étude des maladies monogéniques. La loi de 2004 laissait de larges possibilités aux associations hostiles à la recherche sur l'embryon, comme la Fondation Jérôme-Lejeune, d'engager des procès contre les chercheurs ou l’Agence de biomédecine. Dans le débat parlementaire, l'UMP s'est faite le porte parole de ces milieux catholiques et réactionnaires qui reprennent la position de l’Église comme quoi « la dignité de la personne doit être reconnue à tout être humain depuis sa conception jusqu'à sa mort naturelle. […] Si l'on reconnaît en l'embryon, dès la conception, un être humain faisant partie de l'humanité, on ne peut le traiter comme un matériau de laboratoire qu'on rejetterait après l'avoir utilisé comme réserve de cellules ». C'est la même argumentation hypocrite que celle contre le droit à l'avortement, au service du même obscurantisme. Yvan Lemaitre